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ver, sa précieuse annexe, est à peu près égale à la moitié de l’Irlande. Elle a 500 milles de côtes[1], et sa hauteur varie entre le niveau de la mer et 16,000 pieds anglais[2]. Beaucoup des caractères de son sol couvert de bois, de pâturages, coupé de cours d’eau et de lacs nombreux, rappellent le Canada. Le climat y est très divers ; cette côte du Pacifique est généralement plus douce que celle de l’Atlantique, à la même latitude sur le continent américain. Les vents du sud y amènent des pluies en juin. Vers le sud et dans les vallées du Frazer, de Lillooette, de la Colombie, du Thompson, la température, les produits, les oiseaux, rappellent assez le Devonshire, tandis qu’au nord et au pied des montagnes on retrouve le climat plus sévère de la baie de Hudson et du Labrador. De vastes espaces y sont ouverts à l’exploitation des settlers. Il en est de même dans la partie méridionale de Vancouver, la seule encore qui ait été bien reconnue. Les terrains non défrichés sont recouverts d’une fougère épaisse et qu’on arrache difficilement ; ailleurs s’étendent des forêts, des marécages, des déserts qui, de longtemps encore, ne seront pas acquis à l’exploitation humaine. Diverses espèces de graines et des racines abondantes fournissent aux Indiens un de leurs moyens de subsistance. La flore de cette région, assez semblable à celle de la Colombie américaine, n’est pas non plus, sans offrir quelque analogie avec celle de la Grande-Bretagne. Les pommes de terre, le houblon, le blé, l’orge, l’avoine, y viennent à merveille ; on y trouve aussi une espèce de chanvre particulier au pays. Les indigènes cultivent des pommes de terre jusqu’à la hauteur de l’île de la Reine-Charlotte. Le long de la côte nord-ouest, dans de vastes espaces marécageux, croît une plante dont la feuille, assez semblable à celle du thé, donne une boisson de saveur agréable et piquante qui produit sur le cerveau des effets d’excitation et de gaieté pareils à ceux du vin. Il est à remarquer que la fertilité du sol augmente dans le voisinage des terrains aurifères ; la décomposition des roches volcaniques, la silice, l’alumine, la chaux, la potasse, en se désagrégeant, communiquent à la terre une puissante fécondité. Ce phénomène, qui a été observé au pied du Vésuve et de l’Etna, est également sensible autour du volcan Baker.

Parmi, les arbres, c’est une espèce de cyprès assez semblable au cèdre qui atteint les plus fortes dimensions ; on en voit de 30 pieds de diamètre et de 400 de hauteur ; les pins ont jusqu’à 270 et 300 pieds ; ils sont très résineux et portent une écorce pareille au liège et épaisse de 8 ou 9 pouces, qui donne une flamme éblouis-

  1. Le mille anglais égale 1,610 mètres.
  2. Le pied anglais égale 0m, 305.