Page:Revue des Deux Mondes - 1861 - tome 34.djvu/950

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A côté d’Esquimalt et de Victoria se trouvent encore les ports et les centres naissans de Beecher-Bay à la pointe méridionale de l’île, de Cowichin à la côte sud-est, de San-Juan dans un îlot détaché du détroit. C’est dans cette extrémité méridionale de l’île que, pour le moment, la vie et l’activité européennes sont concentrées. Au-delà de ce petit espace et du rayon étroit de terres défrichées qui l’entoure commencent les régions sauvages, dans lesquelles n’ont pénétré encore qu’un très petit nombre d’explorateurs. L’île Vancouver, inclinée du nord-ouest au sud-est, le long de la côte occidentale de l’Amérique, entre le groupe des îles de la Reine-Charlotte et le territoire de Washington, qui se rattache à la Colombie américaine et à l’Orégon, est longue de cent quinze lieues sur trente environ dans sa plus grande largeur. Le marin Vancouver en avait fait le tour et avait jeté un regard à la côte ouest, sur les points de Nootka et de Clayoquot, qu’il représentait comme couverts de forêts de grands arbres pouvant fournir de vastes ressources. En 1852, M. Hamilton Moffat, employé de la compagnie de la baie d’Hudson, poussa une reconnaissance dans l’intérieur. Parti du fort Rupert sur la côte nord-est de l’île, il se dirigea vers une rivière qui porte le nom des Nimkish, tribu d’Indiens pêcheurs; puis il prit un canot, et, accompagné de six indigènes, il suivit la rivière jusqu’en un lac appelé Tsllelth, large seulement d’un mille et demi, mais long de vingt-cinq, et dont la sonde, à quarante pieds, ne pouvait pas atteindre le fond. Une seconde rivière, l’Oakseey, met ce lac en communication avec un autre lac, le Kanus, puis descend jusqu’à la mer, coupant ainsi la partie supérieure de l’île par une ligne navigable à peu près en forme de diagonale, et qui a l’utilité de mettre les deux côtes en communication directe. Ce même phénomène se reproduit au centre de l’île. En partant de la baie Quallchum, sur le golfe George, le plus récent explorateur, M. Pemberton, traversa en 1856 le lac auquel un de ses prédécesseurs, M. Horne, avait donné son nom, et atteignit par le canal Alberni l’Océan-Pacifique. Plus au midi existe encore un troisième lac étroit et long, que M. Pemberton a également visité dans une excursion faite en novembre 1847 de Port-Cowichin à la rivière False-Nitinat. Tel est donc le caractère général que présente l’île : de longues crevasses volcaniques changées en lacs dont on cherche souvent en vain sur les côtes mêmes à mesurer la profondeur, des falaises abruptes, des montagnes escarpées, puis dans les intervalles de vastes prairies bien arrosées et des forêts épaisses dans lesquelles la hache n’a pas encore jeté d’éclaircies. Le lac Horne est à cent cinquante pieds au-dessus de la mer; le lac Central, un peu plus à l’ouest, forme une large cuvette au milieu des montagnes; on n’en a pas trouvé le