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Ces roches donnèrent naissance aux Monts-Olympes. Elles ont quelques rapports avec le porphyre ; on les nomme serpentines et ophitones, ou, d’une manière plus générale, roches ignées (dues à l’action du feu). C’est entre la seconde et la dernière période tertiaire qu’eut lieu ce soulèvement, et en voici la raison. Il est à remarquer que les marnes blanches, formées pendant le milieu de l’époque tertiaire, sont disposées en couches inclinées contre les Monts-Olympes ; on en voit des lambeaux portés à de grandes hauteurs. Ceci prouve que la position première de ces marnes a été dérangée par le soulèvement des montagnes, et que par conséquent elles existaient avant le soulèvement. Au contraire les couches qui ont été formées pendant la dernière période tertiaire sont horizontales au pied même des Monts-Olympes : elles ont donc été déposées après le soulèvement de ces montagnes, car si elles eussent existé auparavant, elles auraient participé au soulèvement. La méthode qu’on vient d’exposer comme pouvant servir à déterminer l’âge relatif de la formation d’une montagne est la clé de l’étude du vieux monde : elle montre par quelle voie simple et sûre les géologues arrivent à résoudre les problèmes les plus insolubles en apparence.

Les roches ignées couvrent un espace qui n’a pas moins de vingt-cinq lieues. On conçoit que de telles masses brûlantes aient dû attaquer fortement les couches à travers lesquelles elles s’épanchèrent. Les géologues dans ces derniers temps ont donné une attention toute spéciale aux métamorphoses que les diverses roches ont subies depuis leur primitive formation. La théorie du métamorphisme a fait grand bruit ; beaucoup de terrains que l’on croyait encore, au commencement de ce siècle, des terrains primitifs, ont été depuis quelques années rapportés à des époques assez récentes : l’aspect d’ancienneté qu’ils présentent n’est que le résultat des phénomènes de chaleur, de pression, de vapeur ou d’infiltration d’eaux minérales produits depuis la formation. On observe en Chypre les plus singuliers effets de métamorphisme : à quelque distance des massifs ignés, des roches blanches ont été brunies, des pierres tendres ont été endurcies, des calcaires purs ont été pénétrés de silice ; souvent les terrains sont complètement méconnaissables : au lieu de calcaire, on ne rencontre plus que des ocres et des jaspes. D’habiles chimistes, M. Alexis Damour et M. Terreil, ont analysé quelques-uns de ces calcaires ainsi transformés : ils n’y ont plus trouvé que de faibles traces de chaux.

Après les bouleversemens qui firent sortir Chypre du sein de la Méditerranée, la nature rentra dans une phase de tranquillité : la dernière période tertiaire commença. Une partie de l’île resta encore