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L'ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XIII.
SCENES ET MOEURS DU TURF.
LES COURSES D'EPSON. - LES ECURIES DE NEWMARKET. - TATTERSALL'S.




Il y a une vie dont on ne se doute guère en France, c’est la vie de sport ou sporting life. Quelques membres de notre Jockey-Club se récrieront peut-être contre cette assertion ; mais alors ils ne connaissent point l’Angleterre, ses courses de chevaux, qui sont des fêtes nationales, ses chasses féodales, ses naumachies dans les eaux de la Tamise ou sur les vagues de la mer, ses jeux et ses exercices athlétiques, son armée de coureurs à pied (pedestrians) et de pugilists ou boxeurs. Pour cette fois je ne m’attacherai qu’au turf. Les Anglais, et ils ne s’en cachent nullement, ont la passion du cheval. Les courses équestres ont commencé chez eux de très bonne heure. Dès le XIIe siècle, il existait à Londres un manège (race course) pour ces sortes de défis dans Smithfield, qui était en même temps un marché de chevaux. Un témoin oculaire, Fitzstephen, nous a laissé un tableau animé de cette enfance du turf ; il décrit l’émulation des chevaux, l’intérêt des assistans et l’ardeur des jockeys, excitant leur monture du fouet, de l’éperon et de la voix. Plus tard,