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LA
MONARCHIE DE 1830
ET
LES MEMOIRES DE M. GUIZOT

Un habile et savant écrivain[1] a rendu compte ici des deux premiers volumes des Mémoires de M. Guizot. Je voudrais, à propos des deux autres volumes, et d’un point de vue tout différent, parler aussi de ces mémoires. Ce n’est pas la philosophie de l’histoire contemporaine que j’y prétends chercher, c’est seulement la vraie physionomie, les véritables caractères de l’époque et de la politique que ces mémoires ont pour but de faire revivre et d’expliquer.

Est-ce une étude sans profit, sans intérêt, sans à-propos ? Les esprits, j’en conviens, sont ailleurs ; d’autres pensées, d’autres soins les possèdent, ce qui n’empêche pas qu’à chaque instant, sans qu’on sache pourquoi et sans qu’on les provoque, certains écrivains se complaisent à peindre ce temps-là sous les plus étranges couleurs : ils semblent y voir quelque chose qui les trouble et les importune. Et je ne parle pas seulement de ces officieux qui ont besoin d’une cible pour exercer leur zèle ; des esprits dont l’indépendance ne saurait faire question prennent plaisir aussi à crayonner cette époque sans justice et sans vérité. Il faudrait, pour leur bien répondre, avoir, comme eux, ses coudées franches ; aussi je n’ai pas dessein d’entrer en polémique. Je demande seulement à rectifier de faux portraits et à montrer comment on travestit les choses et par le mal qu’on en dit et par le bien qu’on n’en dit pas. Le temps sans doute

  1. M. Renan, — De la Philosophie de l’histoire, — Revue du 1er juillet 1859.