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CURIOSITÉS LITTÉRAIRES


LE DERNIER LIVRE DE LA LITTÉRATURE GALLOISE.


The Sleeping Bard, or Visions of the World, Death, and Hell, by Blis Wyn ; translated from tho cambrian british by George Borrow ; 1 vol. Murray, London 1831.

George Borrow est pour les lecteurs de la Revue une vieille connaissance. Plusieurs fois l’occasion s’est offerte de les entretenir de cet homme original, sagace et amusant[1] ; ils savent par conséquent que George Borrow est un des produits les plus excentriques de l’excentrique Angleterre, et en même temps une des individualités les plus accentuées et les plus curieuses de notre époque. Ils savent quels étranges accouplemens de mots sont nécessaires pour définir son originalité : anglican picaresque, bohémien austère, tory populaire (Protestant zélé, il s’est constitué de son propre chef commis-voyageur en bibles et en prosélytisme anglican, il a passé la meilleure partie de sa vie à prêcher l’Évangile aux zingari d’Espagne et à leurs frères les gypsies d’Angleterre. Tory et conservateur, il semble chérir de préférence la société des pauvres diables et même des gens de métiers interlopes, tondeurs de chiens, étameurs forains, chanteuses de carrefours, coupeurs de bourses, gentilshommes bohémiens, aventuriers aux mains agiles et habiles dans l’art de biseauter les cartes. Voilà un conservateur, un chrétien, un érudit comme il ne s’en rencontre guère, un écrivain bien fait pour scandaliser, malgré ses opinions, cette classe de cockneys, de plus en plus nombreuse,

  1. Voyez notamment la Revue du 1er août 1841, du 15 mars 1851 et du 1er septembre 1857.