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de se conformer aux anciens règlemens, se permettent d’employer moins de matière dans la fabrication de chaque pièce de toile. Ces inconvéniens peuvent faire craindre que les consommateurs ne se dégoûtent, et le plus grand nombre solliciterait une surveillance plus active de la part des inspecteurs des manufactures ; mais en même temps il paraît que le débit n’a jamais été porté plus haut, et que les demandes se multiplient pour ainsi dire à mesure que la fabrique perd de son ancienne exactitude. Nous ne vous expliquerons pas cette espèce de phénomène qui paraît si contraire au système réglementaire. » Et un peu plus loin, à propos des draperies de Lisieux : « Un droit qui gêne fort les opérations du commerce est un plomb indicatif de la visite de chaque pièce d’étoffe, pour assurer la libre circulation dans toute l’étendue du royaume. Autrefois les gardes percevaient 1 sol par chaque pièce pour le droit de marque ; en juin 1780, ce droit fut porté à 2 sols, et c’est sur le pied de 3 sols que se fait la perception actuelle. Il se fabrique dans la ville de Lisieux une quantité considérable d’étoffés de qualité très inférieure qui sont assujetties au même droit de visite et de marque que les draps de première qualité, et le préposé ne manque jamais d’exiger que les pièces et les coupons même soient marqués par les deux bouts. »

Pour les assemblées secondaires, la province fut divisée en huit départemens ; chaque élection fournit le sien, à l’exception de Falaise et de Domfront, qui furent réunis pour n’en faire qu’un.

La troisième généralité, celle de Caen, comprenait, sous le nom de Basse-Normandie, le département actuel de la Manche et une moitié du Calvados. Elle se divisait en neuf élections, qui forment aujourd’hui autant d’arrondissemens, Caen, Bayeux, Saint-Lô, Carentan, Valognes, Coutances, Avranches, Vire et Mortain[1]. L’assemblée provinciale se réunit à Caen ; elle se composait de quarante membres. Le président, nommé par le roi, était le duc de Coigny, petit-fils du maréchal de ce nom. La terre de Coigny, récemment érigée en duché-pairie, donnait, dit-on, 250,000 livres de rente. Les procès-verbaux de cette assemblée[2] ne présentent rien de particulier, sinon que les membres qui la composent, fidèles à leur réputation de gens, avisés, terminent invariablement toutes leur délibérations en priant le président de les appuyer auprès du roi. Le duc de Coigny avait en effet un grand crédit à la cour, il appartenait à la société intime de la reine ; sa famille était originaire de Basse-Normandie, et tous ses intérêts le rattachaient à cette province.

  1. Carentan n’est plus qu’un chef-lieu de canton, mais Cherbourg est devenu chef-lieu d’arrondissement.
  2. 1 vol. in-4o imprimé à Caen.