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autrefois qu’une grande province, indivisible et indépendante. Aux réminiscences historiques se mêlaient les idées les plus radicales ; on discutait sur le nombre des députés, sur la part faite à l’élection, sur la proportion des ordres, sur les limites des circonscriptions ; on voulait tout remanier et tout refondre à la fois. Le parlement de Rouen finit par se rendre l’organe de ces exigences ; il écrivit au roi, en novembre 1788, pour demander le rétablissement des anciens états, comme s’ils n’avaient pas été rétablis de fait, avec les modifications que le temps avait rendues nécessaires !


III. — TOURAINE, MAINE ET ANJOU.

Si la Normandie avait perdu son ancienne unité en se fractionnant en trois, les provinces voisines de Touraine, Maine et Anjou, avec une portion du Poitou, avaient été réunies pour ne former qu’une seule généralité, celle de Tours. La plus étendue des pays d’élection, cette généralité n’avait pas moins de 1,390 lieues carrées. Elle se divisait en seize élections, qui forment aujourd’hui autant d’arrondissemens, quatre en Touraine, Tours, Amboise, Loches et Chinon ; six en Anjou, Angers, Montreuil-Belley, Saumur, Château-Gontier, La Flèche et Beaugé ; quatre dans le Maine, Le Mans, Mayenne, Laval et Château-du-Loir ; deux en Poitou, Loudun et Richelieu. On en a formé les quatre départemens actuels d’Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, Mayenne et Sarthe, avec une partie de la Vienne ; seulement quelques chefs-lieux ont été supprimés et remplacés par d’autres.

En présence d’un pareil amalgame, le conseil du roi eut à examiner s’il n’y aurait qu’une assemblée provinciale pour la généralité tout entière, ou s’il en serait établi une dans chacune des trois provinces. On adopta une solution intermédiaire, qui n’aurait été sans doute que provisoire, car elle ne pouvait manquer d’amener des conflits d’attributions ; on institua une assemblée particulière pour chaque province et une assemblée générale pour l’ensemble. Afin de simplifier un peu ces rouages compliqués, on supprima pour cette généralité les assemblées secondaires d’élection, celles des trois provinces devant en tenir lieu.

L’assemblée générale des trois provinces composant la généralité de Tours, car tel était son titre officiel, se réunit d’abord à Tours, sous la présidence de l’archevêque, M. de Conzié. L’intendant de la province, M. d’Aine, l’ouvrit avec la solennité ordinaire. Ses opérations ne furent que préparatoires.

Les assemblées particulières des trois provinces se réunirent ensuite