Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 37.djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la carrière qui nous a été ouverte, disait dans son discours de clôture l’évêque président, ne nous a permis d’avancer qu’à pas lents vers le terme de nos travaux ; mais notre zèle ne s’est point ralenti. Le désir de nous conformer aux intentions du roi, de justifier l’attente de nos concitoyens, nous a donné des forces et a soutenu notre courage. » C’était parler avec modestie. En relisant aujourd’hui les divers rapports sur les questions administratives les plus spéciales, on retrouve toutes les formes actuellement suivies, on reconnaît le ton des affaires. La ville de Poitiers renfermait une célèbre université où l’on accourait de tous les points de la province, et qui formait des hommes éminens.

Il résulte d’un rapport du bureau des travaux publics que l’abolition des corvées pour les chemins avait précédé encore dans cette généralité l’édit de 1787 ; plus nous avançons dans cette étude, et plus nous acquérons la preuve que l’édit de Turgot, bien qu’abrogé, avait reçu par le fait une exécution presque générale. « Pendant longtemps, disait le rapport, les travaux des routes n’ont avancé qu’à pas lents. La corvée, n’offrant que des bras qui se remuaient à regret, sans ensemble, sans intelligence et sans intérêt, ne permettait pas de mettre dans les travaux l’activité et la perfection qu’on y remarque aujourd’hui. C’est surtout au zèle de M, de Nanteuil, intendant de cette province, que nous devons la révolution heureuse qui, depuis quelques années, s’est opérée dans cette partie de l’administration ; c’est un hommage que nous nous empressons de lui rendre, et ce n’est pas le seul que cette généralité doit à ses soins bienfaisans. » Ces derniers mots contenaient une allusion à la belle conduite de l’intendant pendant la disette de 1785 ; la ville de Poitiers avait déjà fait frapper une médaille en son honneur.

Un des projets qui préoccupaient le plus la province consistait à rendre navigable la rivière du Gain, qui passe à Poitiers, et à établir une communication par eau entre cette ville et la mer. Les uns proposaient de joindre le Clam à la Charente vers Civray, d’autres de le réunir à la Sèvre mortaise. « Eh ! qui empêcherait, disait le rapport, qu’on entreprît avec le temps d’exécuter l’un et l’autre projet ? Il y a de la gloire à exécuter de grandes choses quand elles sont utiles, et nous pensons que cette gloire vous est réservée. Le Languedoc, la Bourgogne, la Picardie, la Bretagne ont leurs canaux de navigation ; le Berri est à la veille d’avoir le sien : pourquoi le Poitou n’aurait-il pas aussi celui que la nature lui indique et que le vœu commun lui promet ? » Il fut également question de rendre le Thoué navigable depuis Parthenay jusqu’à la Loire, et de faire remonter la navigation dans la rivière de Vie. La commission intermédiaire se chargea d’étudier ces divers projets.