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et ses ressources, que cette diminution désastreuse est sensible au point que nombre de propriétaires, ne trouvant plus à quelque prix que ce puisse être ni fermiers ni colons pour faire valoir leurs terrés, sont obligés de les laisser incultes. Ces vérités, mises sous les yeux d’un monarque compatissant, pourraient-elles ne pas toucher son cœur paternel ? pourraient-elles ne pas exciter sa bienfaisance en même temps que sa justice ? »

Parmi les vœux exprimés se trouvait l’établissement d’une école militaire à Poitiers ; les raisons données à l’appui montrent où en était réduite une portion considérable de la noblesse. « La situation de cette école serait à la portée du Berri, de La Marche, du Limousin, du Périgord, de l’Angoumois, de la Saintonge et de l’Aunis. Toutes ces provinces n’ont point d’école militaire, et la plupart en sont fort éloignées. Il est arrivé que des gentilshommes pauvres, qui avaient obtenu un brevet du roi pour leurs enfans, n’étaient pas dans le cas de profiter de cette faveur, qui exigeait un voyage trop dispendieux. Cette portion de la noblesse qui, après avoir bien servi l’état, rentre dans ses foyers pour n’y trouver que l’image et trop souvent la réalité de l’indigence, réclamé notre médiation auprès du souverain pour obtenir de sa bonté un établissement aussi avantageux pour elle. Si vous avez besoin d’un grand exemple de bienfaisance en ce genre, vous le trouverez parmi nous dans la personne d’un digne prélat, qui vient d’ouvrir un asile à ces jeunes infortunées n’ayant pour toute ressource que les titres d’une noblesse onéreuse et dans l’impossibilité de se procurer une éducation convenable à leur naissance. Sa piété compatissante est venue à leur secours. » L’évêque de Luçon venait en effet de fonder une maison de refuge pour les filles nobles sans fortune.

Un autre vœu fut émis pour la création d’une société d’agriculture, « Dans un grand nombre des villes principales du royaume, des sociétés’ d’agriculture se sont formées, et l’utilité de leurs recherches a justifié l’attente publique. Les mémoires de la société de Paris déposent en faveur de ces institutions précieuses, dont on s’est occupé trop tard. M. le commissaire du roi vous a proposé un pareil établissement dans votre ville ; Vous chargerez votre commission intermédiaire de le réaliser. »

L’esprit général de cette province se manifesta, au commencement de la révolution, par un acte décisif. Après l’ouverture des états-généraux, les premiers membres des autres ordres qui se rendirent dans l’assemblée du tiers-état, le 13 juin 1789, pour la vérification en commun des pouvoirs, furent trois curés du Poitou. « Nous venons, dit l’un d’eux, précédés du flambeau de la raison, conduits par l’amour du bien public, nous placer à côté de nos