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plus de précision. Les circonstances sont aujourd’hui plus favorables, car les faits sont venus prêter leur autorité aux conseils d’une sage prévoyance. Non-seulement chacun peut se rendre compte de périls que de longues années de paix maritime avaient trop fait oublier, non-seulement chacun sent la menace de ces périls suspendue sur sa tête, mais la puissance de qui on aurait pu craindre les plus sérieux obstacles, par sa situation nouvelle de neutre dans un de ces conflits où elle avait toujours joué un rôle actif, s’est trouvée conduite à prendre la défense des droits qu’elle a trop longtemps méconnus. Tout semble donc se réunir pour aider à la préparation et à l’adoption du nouveau code maritime dont je voudrais avoir réussi à démontrer la nécessité. Les obscurités, les doutes, les contradictions, disparaîtront quand on sera décidé à les écarter en évitant le double écueil de toutes les conventions sur la matière, tantôt le laconisme, tantôt la prolixité, qui font également naître les contestations. Garder le silence sur les difficultés dans un traité, c’est l’aveu du parti-pris de ne point les prévoir ; les noyer dans une vague phraséologie, c’est l’aveu de l’impuissance à les résoudre.

Je n’ai pas la prétention de faire plus qu’indiquer ici les questions à traiter :

Fixer et définir nettement les garanties de la propriété privée sur les mers ; arriver, s’il se peut, à en faire consacrer l’inviolabilité ;

Dire ce que c’est que la contrebande de guerre, le dire enfin une fois pour toutes en termes clairs et positifs ;

Réduire les blocus au droit de fermer, du côté de la mer, qui appartient à tous, un port investi par terre, de façon que les belligérans ne puissent imposer sur mer, au commerce neutre, le respect de leurs droits que lorsqu’ils exerceront ces droits sur le territoire ennemi par l’occupation de ce territoire, qui peut seule les sanctionner ;

Réglementer le droit de visite, l’environner de formes suffisamment protectrices de l’honneur et de l’intérêt des neutres ; placer définitivement hors de toute contestation le principe que des navires convoyés ne peuvent être visités, et que la parole de l’officier qui commande l’escorte répond de tout le convoi.

Enfin, pour compléter la réforme, il est à souhaiter qu’on prévienne à jamais le retour d’actes récens dans lesquels le nord et le sud de l’Amérique ont une part à peu près égale de responsabilité et méritent les mêmes reproches. Des prises ont été brûlées en mer, faute1 de pouvoir être conduites dans un port du belligérant ; des ports ont été obstrués par des vaisseaux chargés de pierres, amenés de loin et coulés de façon à rendre la navigation impossible