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On n’est admis à cette école que par voie de concours, et les candidats, qui ne peuvent avoir moins de dix-huit ans ni plus de vingt et un doivent être munis du diplôme de bachelier ès-sciences et subir un examen à peu près semblable à celui des candidats à l’École polytechnique. L’enseignement de l’école forestière porte sur la sylviculture, l’aménagement, l’histoire naturelle, la géologie, la topographie, la construction des routes, le droit administratif et forestier. Toutes ces branches, parmi lesquelles nous regrettons de ne pas voir l’économie politique, sont l’objet de cours spéciaux pendant l’hiver et d’applications sur le terrain pendant l’été. Enfin, pour compléter leur instruction, les élèves font, sous la direction de leurs professeurs, des excursions dans les principales forêts de l’Alsace et de la Lorraine. L’école n’est destinée qu’à fournir des agens pour le service de l’état, et c’est tout récemment que, par une mesure qui deviendra très utile aux forêts des particuliers, le public a été admis à suivre les cours qui s’y professent.

Après deux années d’étude et un stage qui varie suivant les besoins du service, les jeunes gens sortis de l’école sont nommés gardes-généraux, et chargés, sous la direction d’inpecteurs, de la gestion d’un certain nombre de forêts domaniales ou communales dont l’étendue pour chacun d’eux varie en moyenne entre 6,000 et 10,000 hectares. Leurs attributions, ainsi que celles des sous-inspecteurs, consistent à contrôler le service des gardes, à proposer et faire exécuter les divers travaux qu’exige la mise en valeur de ces forêts, repeuplemens, ouvertures de routes, constructions de maisons, etc., à surveiller et diriger les exploitations, à participer avec les inspecteurs au balivage, à l’estimation et à la vente des coupes annuelles, à instruire enfin toutes les affaires forestières qui peuvent se présenter dans leur circonscription, telles que questions de propriété, délimitations, demandes de défrichement de bois particuliers, etc. Agens essentiellement actifs, les gardes-généraux sont la cheville ouvrière de toute l’administration, et c’est de leur zèle que dépend presque exclusivement le bon état des forêts. Dans les autres administrations, les employés n’ont guère qu’à se conformer strictement aux règlemens établis ; les gardes-généraux au contraire distribuent leur temps comme ils le jugent convenable, proposent les travaux à entreprendre, s’entendent avec les maires des communes pour les améliorations dont leurs forêts sont susceptibles, et font en quelque sorte l’office de gérans.

Cette liberté d’action toutefois n’est pas absolue, car ils sont