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en argent. Aussi l’exploitation des coupes est-elle faite par les soins et sous la surveillance immédiate des agens forestiers. Les bois ne sont vendus par lots plus ou moins importans qu’après avoir été abattus et façonnés par des bûcherons spéciaux, embrigadés et offrant toutes les garanties désirables d’habileté et de probité. Indépendamment de ce mode de vente, il en existe un autre encore, c’est la vente à la taxe, c’est-à-dire à un prix fixé à l’avance d’après les mercuriales de l’année précédente ; mais celui-ci n’est pratiqué qu’à l’égard des bois de feu, et on ne se propose guère par là qu’un seul but : assurer aux populations riveraines des forêts le chauffage dont elles ont besoin, et qui pourrait leur échapper si les produits des coupes étaient entièrement livrés au commerce. Les gouvernemens pensent qu’il n’est ni sage ni humain de priver de bois des populations auxquelles il faut éviter tout prétexte aux déprédations qu’elles ne sont que trop disposées à commettre. Dans quelques pays même, notamment en Bavière, l’administration accorde aux indigens du bois de qualité inférieure à 75 pour 100 au-dessous de la taxe fixée. Les motifs qui ont fait adopter un tel mode de vente sont louables sans doute, mais nous n’en persistons pas moins à croire que le système français est infiniment préférable, parce qu’un adjudicataire maître de sa coupe l’exploite toujours de manière à en tirer le plus grand profit et à en obtenir les produits que le commerce est disposé à lui payer le plus cher, et par conséquent ceux que la société réclame le plus impérieusement.

Tous les services forestiers de l’Allemagne, quels que soient d’ailleurs les titres conférés aux agens, comportent quatre fonctions distinctes : la police et la surveillance, la gestion (culture et exploitation), l’inspection et le contrôle, la direction supérieure. Dans les états d’une certaine étendue, il existe un rouage intermédiaire entre la direction et les agens du service actif. Les préposés du premier degré, chargés de la police et de la surveillance, sont, comme en France, des gardes pris tantôt parmi les anciens militaires, tantôt parmi les bûcherons. Ceux-ci ne sont pas, comme chez nous, des ouvriers libres : ils sont le plus souvent embrigadés, parce que les coupes, on l’a vu, ne sont pas vendues sur pied, mais exploitées en régie ; on conçoit dès lors qu’on puisse trouver parmi eux d’excellens sujets pour remplir les fonctions de gardes.

La gestion proprement dite est l’affaire du forestier (revier-förster, ober-förster), dont les attributions sont absolument les mêmes que celles du garde-général de l’administration française. Toutefois, au lieu d’être, comme ce dernier, sous les ordres immédiats de ses supérieurs, il est seulement soumis à leur contrôle ; mais cette liberté d’action est contre-balancée par une plus grande responsabilité. Cette responsabilité n’est pas uniquement administrative,