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et dont les effets sur nos vins du midi n’ont pas été prévus. Le recueil officiel des documens commerciaux vient de donner le tableau des principales marchandises exportées et importées en 1861 ; nous y voyons que nos exportations de vins pour l’Angleterre, qui n’étaient en 1859 que de 49,000 hectolitres, qui s’étaient élevées en 1860 à 130,600, sont retombées en 1861 à 95,000, ne gagnant sur 1859 que 46,000 hectolitres[1]. Les eaux-de-vie, qui avaient atteint 130,000 hectolitres en 1859, sont tombées en 1860 à 69,000, et n’ont remonté, en 1861, qu’à 75,000 hectolitres, offrant ainsi une réduction de 55,000 hectolitres sur la période antérieure au traité. 46,000 hectolitres de vins en plus, 55,000 hectolitres d’eaux-de-vie en moins, voilà jusqu’ici sur les boissons les effets du traité ; elles ont perdu au lieu de gagner. Par contre, l’importation des fontes anglaises, qui était pour 1859 de 265,000 quintaux métriques, a été pour 1861 de 961,000, présentant une augmentation de près de 300 pour 100. Les tissus de laine, admis seulement depuis le mois d’octobre, ont été apportés sur notre marché pour une valeur de 16 millions en trois mois. Ces importations coïncident malheureusement avec le ralentissement des affaires. Le travail est fort diminué, et les salaires ont baissé de 30 pour 100 dans nos départemens du nord. Quant à l’industrie du coton, la guerre d’Amérique lui fait une position tout exceptionnelle, et il est impossible de tirer des faits actuels des inductions pour l’avenir. Ce qui est certain, c’est que nos exportations pour l’Angleterre n’ont rien gagné encore, sont restées stationnaires ou ont diminué, comme les articles de modes et de luxe, les soieries, les produits de l’industrie parisienne, etc. tandis que toutes les importations anglaises ont augmenté.

Dans un discours prononcé à Leith le 11 janvier dernier, M. Gladstone, se félicitant des résultats produits par le traité de commerce avec la France, compare un trimestre de 1860, — septembre, octobre et novembre, — au même trimestre de 1861[2].


Exportations anglaises pour la France dans le trimestre de 1861. 3,017,000 liv. st.
— — dans le trimestre de 1860. 1,517,000
Différence en plus pour 1601 2,100,100 liv.st.[3]

M. Gladstone fait observer qu’une partie de cet excédant peut

  1. Ce n’est pus la cinq-centième partie de la production de la France, pas le vingtième de ses exportations. Le Brésil prend autant de nos vins que l’Angleterre.
  2. On se rappelle que l’application complète du nouveau tarif ne date que du mois d’octobre 1861.
  3. Environ 53 millions de francs.