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subdivisent elles-mêmes en deux classes bien distinctes : les unes, par leur composition, se rapprochent beaucoup des substances animales ; les autres proviennent des tissus ligneux, des débris végétaux et des sécrétions diverses des plantes. Ce sont les premières, c’est-à-dire celles qui sont le plus spécialement animales, le plus richement azotées, qui offrent dans les engrais mixtes le plus de valeur réelle ; aussi l’analyse s’applique-t-elle à en reconnaître la présence et les proportions, afin d’assigner aux divers engrais mixtes leur puissance nutritive et leur utilité dans la grande culture. Cette recherche est d’autant plus importante que naguère encore on ne faisait pas cette distinction entre les deux classes de matières organiques, et que, même après avoir admis la présence des matières azotes dans toutes les parties de l’organisme végétal, on faisait remarquer que dans l’ensemble d’une plante tout entière la quantité d’azote est bien faible, si on la compare avec l’énorme proportion des matières organiques dépourvues d’azote qui forment le tissu résistant de l’édifice végétal.

Jusque-là sans doute on avait bien établi que les débris et les déjections des animaux offrent les plus puissans engrais, que tout organisme jeune et vigoureux, dans les plantes de toute espèce, est toujours plus abondamment pourvu de substances azotées que les tissus ligneux formés depuis un temps plus long, que la jeunesse et l’énergie vitale des tissus végétaux se montrent en toute occasion proportionnées aux doses de substances azotées que ces tissus recèlent ou que l’analyse chimique y découvre. On avait bien encore déduit de tous ces faits que la substance organique azotée ou quaternaire (composée des quatre élémens : carbone, hydrogène, oxygène, azote) est douée des attributs de la matière vivante chez les végétaux comme chez les animaux, qu’ainsi l’on doit reconnaître une immense unité de composition élémentaire dans les êtres des deux règnes de la nature vivante. Le problème cependant n’était qu’à moitié résolu. Il fallait encore montrer les sources où les végétaux peuvent puiser les élémens de la composition ternaire (carbone, hydrogène, oxygène) qui constituent plus des neuf dixièmes de la masse solide totale de leurs tissus. Il fallait enfin prouver qu’indépendamment des engrais répandus sur le sol par les soins du cultivateur, les agens atmosphériques, avec le concours des débris ou résidus (chaumes, racines, feuilles et tiges brisées) provenant des récoltes précédentes, peuvent fournir en abondance ces élémens de la composition ternaire des matières organiques.

Rien n’est plus facile qu’une telle démonstration : l’acide carbonique et l’eau, composés l’un de carbone et d’oxygène, l’autre d’hydrogène et d’oxygène, subviennent évidemment à l’assimilation qui doit développer la portion des membranes, cellules ou tissus, formée