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qui leur est due[1]. Un autre embarras intérieur pour la confédération germanique est la présence et l’antagonisme de la Prusse et de l’Autriche. Ce dualisme constant a introduit la division dans les conseils de l’Allemagne en perpétuant au sein même de l’union deux systèmes de gouvernement et d’intérêts politiques le plus souvent opposés. Ce fut une faute aussi d’admettre des souverains étrangers dans la confédération pour quelques parties isolées de leur territoire, le roi de Danemark pour le Holstein dès 1815, et plus tard pour le Lauenbourg, et le roi de Hollande pour le Luxembourg. On céda, en consacrant de tels arrangemens, à la prétention du germanisme de revendiquer tous les pays qui parlaient allemand ; on ne s’arrêta qu’à regret devant Strasbourg et l’Alsace, que redemandait le baron de Stein ; c’était appeler des intérêts étrangers dans le domaine des intérêts particuliers de l’Allemagne, et semer autour de soi des germes de discorde interminable.

Considérée au point de vue de la politique extérieure, la constitution de 1815 crée à la confédération des embarras et des dangers ; le, droit que possèdent les états secondaires de se faire représenter, aussi bien que ceux du premier ordre, auprès des grandes cours européennes divise et même annule toute politique vraiment allemande ; les cours ne voient pas auprès d’elles un représentant permanent de la diète, et elles ne rencontrent guère les souverains allemands qu’isolés. Au moment du péril, tout l’embarras de cette machine compliquée se montre au grand jour ; un long temps est nécessaire avant qu’une décision commune soit prise ; les levées d’hommes une fois décidées, l’Allemagne n’a encore qu’une réunion de contingens exercés, habillés, armés diversement ; une mauvaise constitution militaire laisse indécises les lois de l’obéissance et celles

  1. Par une exagération du principe de la souveraineté, tous les états ont été réputés égaux, Lichtenstein et Autriche, Prusse et Brome, Bavière et Hombourg. La mauvaise distribution du droit de voter dans la diète, basée à tort sur ce principe, a souvent empêché le libre et énergique développement de la confédération, en permettant aux vues particulières des petits états de faire échec par un contre-poids légal aux projets utiles des grands états. Dans la plupart des affaires importantes, lorsqu’il s’agit par exemple de développer, régulièrement les lois fondamentales de la confédération et de réaliser des réformes d’un intérêt général, les résolutions de la diète ne se prennent qu’à l’unanimité des voix dans le plenum de l’assemblée fédérale, où chaque état, même le plus petit, compte au moins une voix. On sait pourtant quelle disproportion il y a eu ; dès l’origine entre les différens membres de l’union. À calculer d’après la matricule fédérale dressée en 1819 pour l’assiette des impôts, chacun des deux grands états, Autriche et Prusse, forme à lui seul presque un tiers de l’ensemble. Autriche, Prusse, Bavière, Saxe, Hanovre, Wurtemberg et Bade, qui forment réunis plus des cinq sixièmes, n’ont que 7 voix dans le conseil restreint et n’en ont que 27 sur 66 dans le plenum, tandis que le groupe des petits états en a 10 dans le premier cas et 39 dans le second.