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pour remplacer de fait ce qui manque sous ce rapport dans les lois fédérales. Tant que cette situation durera, les réformes apportées à l’organisation extérieure de la confédération seront peu fructueuses. Une œuvre utile et vraiment salutaire pour l’Allemagne ne sera accomplie que lorsque des réformes de ce genre coïncideront avec la consolidation politique de la diète, c’est-à-dire avec la garantie ferme et donnée par tous les étais de la confédération des possessions non allemandes de l’Autriche et de la Prusse. L’Autriche a proposé, depuis douze ans, cette garantie sous toutes les formes… » Voilà le remède, suivant l’Autriche, à tous les maux. Est-il possible d’en imaginer un plus illogique et plus inexécutable ? Ce qui légitime aux yeux de l’Europe et aux yeux des Allemands eux-mêmes la confédération germanique, c’est la communauté du sang. Peut-on croire qu’elle résisterait deux jours à la dissolution, n’était ce lien naturel qui est sa raison d’être ? Voici cependant qu’on veut lui inoculer, par une augmentation de vingt-cinq millions d’âmes, un sang étranger, le sang d’une race différente et depuis des siècles ennemie ! L’esprit germanique transplanté a en lui-même, cela est vrai, une énergie qui le fait résister et durer au milieu des influences étrangères ; mais on ne voit pas qu’il ait jamais été habile à subjuguer et à s’assimiler d’autres peuples. Ce seraient donc des élémens tout à fait disparates qu’on voudrait associer dans une apparente, mais fausse unité : ce serait le désordre moral et l’anarchie politique. L’Autriche peut-elle croire d’ailleurs que l’Europe laisserait s’accomplir un tel dessein ? A-t-elle donc perdu le souvenir du memorandum français en date du 5 mars 1851 et celui de la note anglaise de lord Cowley, plus explicite et plus vive encore ? Tous les articles qui composent l’acte du 8 juin 1815 dépendent directement ou indirectement de l’acte général de Vienne et en font partie intégrante, de telle sorte qu’il ne peut être apporté d’altération à aucune de ses clauses sans le concours de tous les gouvernemens qui ont signé ce dernier acte le 9 juin 1815. La confédération germanique est le résultat d’un traité européen, et forme un élément de l’organisation générale de l’Europe réglée et fixée par ce traité. On ne peut donc, de quelque part qu’en vienne l’initiative, apporter aucun » changement essentiel au caractère national et à l’étendue du territoire de cette confédération sans le consentement et le concours formel de toutes les puissances signataires du traité général de Vienne. Elles sont au nombre de huit : Autriche, Espagne, France, Grande-Bretagne, Portugal, Prusse, Russie et Suède. Il est vrai qu’en 1848 la diète de Francfort a, sans un tel consentement, fait entrer dans la confédération quelques provinces prussiennes qui y avaient été jusqu’alors étrangères : la Prusse orientale et occidentale et la Poznanie,