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DES
OPINIONS EXTRÊMES
EN ÉCONOMIE POLITIQUE


Des Lois du Travail et de la Population, par M. Gustave du Puynode[1].

Si l’on juge du crédit d’une science par le nombre des écrits qu’elle inspire, l’économie politique doit être assez en honneur parmi nous. Exclue à peu près de l’enseignement officiel malgré le témoignage flatteur que lui a donné le chef de l’état dans une circonstance solennelle, elle ne reçoit aucun des encouragemens publics qui abondent jusqu’à l’excès pour d’autres études bien moins utiles. Elle y supplée par le dévouement et l’activité d’un petit nombre d’adeptes qui ne se lassent pas d’appeler sur ces grands problèmes du travail, de la population, de la richesse, l’attention distraite du public. Elle rencontre des résistances violentes, qui naissent à la fois de tous les côtés ; philosophes, politiques, artistes, industriels, la repoussent à l’envi, et la haine que lui portent les représentans de l’esprit administratif et gouvernemental n’a d’égale que celle des écoles républicaines et socialistes. Malgré toutes ces colères, elle survit, et qui plus est, elle avance ; peu d’années s’écoulent sans lui apporter un triomphe. Elle s’insinue dans les lois, dans les mœurs, dans les idées ; elle pénètre insensiblement les esprits les plus rebelles ; elle gagne jusqu’au gouvernement et s’établit dans le camp même de ses adversaires, parce qu’elle a pour elle la puissance qui finit par user toutes les autres, la vérité.

  1. 2 vol. in-8o, Paris, Guillaumin.