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souveraineté. Les juges de paix, dis-je, sont nommés par la couronne, qui pourrait les prendre où bon lui semble, à la seule condition d’un revenu de 100 livres, mais qui les prend toujours à la qualité, à l’apparence, parmi ce qu’il y a de mieux dans le comté. Leur fonction est gratuite ; mais, pendant la durée de leurs fonctions, ils sont les hôtes du comté. Le gouvernement a le pouvoir de les suspendre ou de les révoquer dans certaines circonstances déterminées ; mais il n’use jamais de ce pouvoir. Leur mandat doit être renouvelé à l’avènement d’un nouveau souverain.

Le gardien des rôles et le lord-lieutenant sont nommés par le pouvoir exécutif. Le gardien des rôles, auquel sont confiées les archives de l’administration locale, est par là le premier des juges de paix. C’est lui qui nomme le greffier de paix ; en outre il est presque toujours lord-lieutenant, c’est-à-dire chef de la milice du comté, une force armée de dix-huit mille hommes pour l’Angleterre et le pays de Galles, produite par le recrutement, qui fait l’exercice vingt et un jours par an.

Le coroner est un officier de police judiciaire salarié, dont la principale fonction est de faire des enquêtes, avec l’assistance du jury, sur les cas de mort violente et accidentelle : il est nommé par les propriétaires qui composent le jury. Les juges de paix nomment eux-mêmes les autres fonctionnaires du comté. Tout au moins ils les présentent au choix de la couronne : c’est ce qui a lieu pour le shérif, nommé par le souverain sur une liste de trois candidats émanée des juges de paix. Ce shérif est le représentant de la reine dans le comté, le gardien des droits et des biens de la couronne, li convoque les jurys, assiste aux assises, fait exécuter leurs jugemens : on dit même que, faute de bourreau, il devrait les exécuter lui-même. Il n’a pas de traitement, il est sujet à de grandes dépenses et n’en est pas moins tenu, sous des peines sévères, d’accepter sa charge.

Mais il ne faut pas vous fatiguer à retenir et à comparer cette nomenclature. Tenez pour certain qu’ici tout se résout dans le juge de paix. Au fond, il n’y a que ce personnage en Angleterre pour gouverner les campagnes. Il est entre tous l’organe de la vie et du pouvoir local, non-seulement parce qu’il nomme d’une manière plus ou moins directe tous les fonctionnaires locaux, et qu’une fois nommé il est en quelque sorte inviolable lui-même, mais parce qu’il exerce tous les pouvoirs du comté, et quels pouvoirs ! — D’abord il a le vote de l’impôt local. Il n’est pas l’élu des populations, et il ne laisse pas que de les taxer ! Qui se serait attendu à cela dans un pays libre, et où liberté signifia toujours impôt. consenti ? — Ensuite il a la justice, la répression : cela est local en