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Parmi les douze nommés par le roi, on peut remarquer, dans le clergé, l’abbé de Damas, doyen de l’église de Nevers, parent du duc de Damas-Crux, pair de France, et du baron de Damas, ministre des affaires étrangères sous la restauration ; dans la noblesse, le comte de Langeron, qui prit, pendant l’émigration, du service en Russie, et devint gouverneur d’Odessa ; dans le tiers-état, des avocats, des maîtres de forges, les maires des principales villes. M. Foullon de Doué, qui venait d’être nommé intendant de la province, ouvrit la session en qualité de commissaire du roi. « Le roi, dit-il, a calculé dans sa sagesse que communiquer son autorité n’était pas l’affaiblir ; il a pensé que les émanations de la puissance royale, par l’effet d’une heureuse réaction, après avoir porté la vie aux extrémités du corps politique, reviendraient bientôt à leur propre foyer pour renouveler le principe de force et d’activité qui entretient l’harmonie entre toutes les parties d’un vaste empire. Vous vous rappellerez toujours avec reconnaissance que le roi vous a donné un témoignage particulier de son affection en divisant cette province de la généralité du Bourbonnais. J’ai pour garant du succès de votre administration, outre vos lumières et votre zèle pour la province, les connaissances et les vertus du ministre citoyen (le duc de Nivernais) qui s’honore de son nom et qui la gouverne. Et quel augure plus favorable pour le succès de vos travaux que de voir à votre tête un prélat auquel rien ne doit être étranger dans l’administration, depuis qu’à ses propres lumières, dont une province voisine (le Berri) a déjà éprouvé l’heureuse influence, il a réuni celles qu’il a puisées au sein d’une illustre assemblée présidée par le monarque lui-même ! »

Cette allusion à l’assemblée des notables, où M. de Seguiran avait exercé une sérieuse influence, contenait plus qu’un compliment banal. L’évêque répondit par un discours qui témoigne des idées alors régnantes parmi les chefs du clergé. « Si jamais, monsieur, cette province a pu concevoir des espérances de prospérité, c’est dans le moment où son administration vous est confiée. Ses vœux s’étaient portés avec ardeur sur l’établissement d’une assemblée provinciale, et vous lui en apportez le bienfait. Elle désirait, avec le reste de la nation, qu’il plût au roi de convoquer les états-généraux de son royaume dans la situation actuelle des affaires publiques, et l’annonce de cette faveur nouvelle nous arrive avec vous. Le choix qui vous a placé dans cette généralité a été dicté par le vœu habituel du roi pour le bonheur de ses peuples. Nous en apercevons le gage dans votre amour connu pour la justice, dans l’esprit de conciliation qui vous distingue, dans la qualité de grand propriétaire du Nivernais que vous partagez avec nous. » Le nouvel intendant possédait en effet dans la province le riche marquisat de