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la présidait. Après lui venaient, dans le clergé, l’évêque de Lescar (M. de Noé) comme abbé de Simorre, l’évêque de Lectoure (M. de Cugnac), l’évêque de Comminges (M. d’Osmont) et l’évêque de Couserans (M. de Lastic) ; dans la noblesse, le marquis d’Angosse, gouverneur et grand-sénéchal d’Armagnac, nommé plus tard aux états-généraux, le comte de Noé, le comte de Montesquiou-Fezensac, frère aîné de l’abbé de Montesquiou, un président du parlement de Toulouse et un avocat-général au même parlement, M. de Catelan, dont l’arrestation et la captivité allaient bientôt faire tant de bruit. L’intendant de la généralité, M. Bertrand de Boucheporn, était commissaire du roi. Les procureurs-syndics élus furent, pour les deux premiers ordres, l’abbé d’Arrêt, grand-vicaire d’Audi, et pour le tiers-état M. Boubée, avocat au parlement et juge-général de l’archevêché.

Cette généralité n’en formait qu’une autrefois avec celle de Montauban ; on les avait séparées en 1710. Quand M. d’Étigny en fut nommé intendant en 1751, il la trouva dans l’état le plus misérable. Sans routes, sans industrie, sans commerce, réduite aux seules ressources d’une agriculture sans débouchés, elle ne parvenait qu’avec des efforts inouïs à réunir le numéraire suffisant pour payer l’impôt. L’administration de M. d’Étigny dura seize ans ; il mourut en 1667. Ce fut un des précurseurs de Turgot. Il provoqua l’établissement d’une société d’agriculture à Auch, une des premières qui furent fondées après celle de Paris. Il traça un grand système de routes qui traversaient la province dans tous les sens, et en fit exécuter une partie avec le seul secours des corvées. Grâce à lui, le pays put exporter une quantité croissante de ses produits pendant les dernières années de Louis XV. Comme M. de Tourny à Bordeaux, mais dans un cadre plus étroit, il dota son modeste chef-lieu de nombreux embellissemens. La ville d’Auch lui a érigé une statue.

Les principaux soins de l’assemblée d’Auch se portèrent sur les travaux des chemins, si importans pour une contrée qui n’avait point de rivières navigables, et où de nombreuses chaînes descendant des Pyrénées interceptaient les communications. Reprenant l’œuvre de M. d’Étigny, elle poursuivit le réseau commencé, mais sans engouement et sans précipitation. On sent dans ses délibérations qu’elle est avant tout préoccupée du désir d’aggraver le moins possible les charges publiques. Elle n’entendit pas moins de huit rapports du bureau des chemins sur tous les détails de ce service. Le nouvel édit, qui ordonnait la conversion de la corvée en une prestation en argent, excitait une certaine rumeur dans la province, où l’argent était rare ; elle demanda au roi l’autorisation de substituer au rachat forcé l’option volontaire.