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Après les événemens de 1808 à Mexico, il fit ses préparatifs d’insurrection contre la Péninsule avec une ardeur surprenante chez un homme de cet âge. L’historien de l’indépendance, M. Lucas Alaman, qui l’avait beaucoup vu chez son père à Guanaxuato, dit qu’il était de 1747. Il avait donc plus de soixante ans en 1808. Hidalgo entra dans une conspiration qui se forma à Queretaro, ville située à une assez grande distance au nord de Mexico. Le corrégidor même de la ville, don Miguel Dominguez, et avec lui sa femme, qui montra un grand caractère, étaient au nombre des conjurés. Par ce moyen. Hidalgo se trouva en relation intime avec plusieurs jeunes officiers créoles des régimens de milice qui tenaient garnison à Guanaxuato, et entre autres avec les trois capitaines Allende, Abasolo et Aldama, destinés à figurer avec éclat autour de lui, Allende principalement. La conspiration fut dénoncée aux autorités de Mexico, et plusieurs des conjurés furent arrêtés, entre autres Dominguez. Cet incident, qui aurait découragé une âme d’une faible trempe, n’eut d’autre effet sur Hidalgo que de lui faire hâter l’exécution de ses projets. Le 16 septembre 1810, tout juste deux ans après l’arrestation d’Iturrigaray, il leva l’étendard de l’indépendance. Les populations étaient si bien préparées par l’attitude arrogante des Espagnols à répondre à ce signal, que dès le lendemain il put prendre possession de deux villes, chacune de seize mille âmes. Un de ses premiers actes fut d’y confisquer les biens des Espagnols et de les distribuer à sa troupe. Quelques jours après, il entrait avec une armée nombreuse, mais sans discipline et presque sans armes, dans la belle cité de Guanaxuato, qui ne comptait pas moins de soixante-quinze mille habitans, et qui était citée pour sa richesse. Elle était le centre d’un district renommé pour ses mines d’argent. C’est près de Guanaxuato que se trouve le fameux filon exploité avec un si grand succès alors à Valenciana et ailleurs, dont M. de Humboldt a dit qu’à lui seul il donnait le quart de l’argent que produisait le Mexique et le sixième de celui que fournissait l’Amérique. Il y avait toujours dans Guanaxuato une grande quantité de lingots du précieux métal.

La victoire de Hidalgo fut souillée par un acte d’affreuse barbarie. L’intendant de la province, Riagno, homme éclairé et bienveillant, s’était enfermé avec les Espagnols et avec les créoles les plus riches dans l’Alhondiga, vaste bâtiment qui servait de magasin public pour les grains. Il y avait reçu, sans se soumettre, la sommation de Hidalgo, que lui avait apportée Abasolo en costume de colonel, et s’était mis à se défendre aussi vaillamment que le permettaient les moyens dont il disposait, pris comme il l’était à l’improviste. Les feux de mousqueterie et d’une espèce d’artillerie qu’il avait imagi-