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don Miguel Béisteguy, étaient à sa poursuite. Il n’en continuait pas moins ses travaux. Il acheva ainsi la discussion d’une constitution politique. Cette œuvre, qui était destinée à rester sur le papier, fut proclamée en octobre 1814. On célébra à cette occasion des fêtes aussi solennelles qu’on le put dans la petite ville d’Apatzingan, où siégeait alors le congrès. Une médaille fut frappée en commémoration de l’événement. Morelos y assistait en qualité de l’un des trois membres du pouvoir exécutif que créait la constitution. C’était une compilation des idées de l’assemblée constituante française de 1789 et des formules consacrées par les cortès espagnoles en 1812. Le seul incident digne d’être relevé par l’histoire, auquel ait donné lieu cette constitution d’Apatzingan, est l’explosion de colère qu’elle provoqua de la part des autorités espagnoles. Le vice-roi Calleja déféra la constitution au conseil royal (real acuerdo), qui la condamna avec appareil le 14 mai 1815. À la suite de cet arrêt, le vice-roi la fit brûler par la main du bourreau sur la grande place de Mexico et ordonna que la cérémonie se répétât dans toutes les capitales de provinces. En même temps il publia une proclamation portant que tous les détenteurs d’exemplaires de la constitution ou de papiers de même nature étaient tenus de les délivrer à l’autorité dans les trois jours, sous peine de mort et de la confiscation de leurs biens. Les mêmes peines devaient être appliquées à quiconque défendrait ou appuierait la révolution, ou en « parlerait favorablement. » Quiconque, ayant entendu une pareille conversation, se serait abstenu de la dénoncer au gouvernement ou aux tribunaux, devait être déporté avec confiscation de ses biens. Il était défendu de se servir par parole ou par écrit des termes d’insurrection et d’insurgés pour désigner la révolution et ses partisans. On devait dire la rébellion ou la trahison, les rebelles ou les traîtres. Toutes les localités étaient tenues de déclarer par acte authentique qu’elles n’avaient pris aucune part à la nomination des membres du congrès.


VI.

Même avant la prise de Morelos, dès la bataille de Valladolid et le combat de Puruaran, la cause des indépendans était perdue militairement. Livrer une bataille était au-delà de leur puissance. Ce n’étaient guère plus que des guerrillas obligées de se tenir reployées dans des retraites impénétrables, où elles rentraient après des excursions faites à l’improviste. Calleja, alors vice-roi, fit, le 22 juin 1814, après tous ses succès et ceux de ses lieutenans une proclamation où il exaltait son armée, et dans les termes les plus dé-