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tait-ce de sa part qu’une de ces flatteries que les fonctionnaires se permettent toujours, parce qu’ils savent que toujours elles sont bien accueillies. Il était certain au contraire qu’il ne manquait qu’une occasion pour que l’esprit d’indépendance fît une nouvelle explosion, cette fois irrésistible par l’accord des volontés. Or, quand les peuples ont une résolution bien arrêtée, la Providence se charge de leur fournir l’occasion attendue, et c’est à eux de la saisir.

En 1820, le gouvernement absolutiste du roi Ferdinand VII, se croyant bien le maître dans la Péninsule, porta son regard à l’extérieur, et résolut de faire un grand effort pour rétablir son autorité dans la partie du Nouveau-Monde qui lui échappait le plus visiblement. En conséquence, il organisa une expédition formidable qui avait pour destination les contrées qu’arrose la Plata. L’armée expéditionnaire était réunie dans l’île de Léon, et elle allait partir, sous les ordres de Calleja, appelé alors le comte de Calderon, en mémoire d’une de ses plus insignes victoires sur les Mexicains. Cette agglomération de troupes dans l’île de Léon devait amener de grands événemens, bien différens de la conquête pour laquelle on l’avait préparée. Les officiers principaux, nourris des idées de la révolution française, d’où était déjà née la constitution des cortès de 1812, supportaient avec indignation le despotisme dégradant sous lequel Ferdinand VII avait courbé leur patrie. Quelques hommes courageux se résolurent à renouveler une fois de plus la tentative qui avait coûté la vie à de braves gens tels que Porlier, Lacy, Richard, Vidal et Bertrand de Lis. Une conspiration se forma pour le rétablissement de la constitution de 1812, et le 1er janvier 1820 le colonel Riego, qui commandait le bataillon des Asturies, cantonné près de Séville, proclama la constitution et marcha sur le quartier-général. Il fut secondé par le colonel Quiroga, qui, poursuivi pour sa participation à un complot antérieur et mis en prison, s’en était échappé et avait décidé plusieurs bataillons à le suivre. Peu de temps après, la constitution était rétablie en Espagne, et par cela même, virtuellement au moins, dans les colonies, car elle était impérativement applicable aux possessions d’outre-mer. Cette nouvelle excita une grande émotion dans tout le Mexique. Le vice-roi Apodaca se prêta de mauvaise grâce à remettre en activité la constitution. Il lui fallut cependant se soumettre en apparence; mais il conçut le dessein de relever l’autorité absolue de Ferdinand VII, dans le Mexique au moins, en opposant une insurrection militaire à celle qui avait réussi dans l’île de Léon. Sous le prétexte de détruire les restes des corps indépendans qui tenaient encore dans les montagnes du sud, du côté de l’Océan-Pacifique, sous les ordres de l’indomptable Guerrero et d’Asentio, il rassembla des troupes et mit à leur tête un officier sur lequel il croyait pouvoir compter.