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ble être, comme le prouvent encore le mulet et le bardot, assez décisive sur la taille. Certains agriculteurs prétendent enfin que les femelles tiennent souvent davantage de leur père, et les mâles de leur mère. On a bien contesté quelquefois l’exactitude d’une semblable remarque; mais nous devons déclarer que notre expérience personnelle nous porte à admettre cette bizarrerie d’influence, qui s’exercerait volontiers sur les produits en raison contraire du sexe des parens.

Les qualités extérieures ne sont pas seulement bonnes à indiquer par avance l’aptitude du produit obtenu à tel ou tel genre de services; plusieurs de ces qualités sont aussi pour beaucoup dans le chiffre qu’atteindra le prix de la vente, sans avoir cependant toujours une signification très sérieuse. C’est de la couleur des poils de l’animal que nous voulons principalement parler en ce moment : ici le public n’estime que des vaches rouges, là les vaches blanches; plus loin les vaches bringées[1] sont seules en faveur. Dans tous ces cas, les éleveurs ont grand soin de se conformer aux caprices de la mode, et ils appareillent dans le sens voulu les robes de leurs reproducteurs.

On aurait tort d’attacher aux nuances du pelage une importance trop absolue. La robe est variable dans un grand nombre de races, et celle qui a fini par dominer dans certaines familles n’est sans doute maintenue la même que par les soins qu’on y apporte. Un seul poil noir, la moindre tache bleue sur le nez passent chez les durham pour preuve que le sang n’est point pur; les bœufs de Salers que nous voyons sont tous d’un rouge foncé, les bœufs du Charolais sont blancs ou jaunes. Néanmoins tous les chevaux arabes ne naissent point gris, non plus que tous les chevaux flamands ne naissent noirs. Le pelage est un indice dont la gravité augmente pour les races qui présentent le plus ordinairement les mêmes nuances; mais il serait, selon nous, imprudent, quand le désaccord n’est pas considérable, de s’en rapporter à lui seul. « De même que la couleur des cheveux chez les hommes, celle des poils chez les animaux est aussi, prétend-on, un indice de tempérament[2]. » Les nuances foncées de la robe, celles de la peau surtout, sont considérées comme accusant une force musculaire plus grande, tandis que les couleurs pâles dénoteraient plus de mollesse, et par conséquent conviendraient mieux aux bêtes laitières ou aux bêtes de boucherie. Telles sont les assertions les plus générales. Les conciliera qui pourra avec la robe presque toujours gris d’argent des chevaux arabes et la robe rouge brun des vaches flamandes.

  1. C’est-à-dire à pelage relevé de raies brunes irrégulières.
  2. Félix Villeroy, Manuel de l’Éleveur de chevaux.