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II. — DE LA RICHESSE MINÉRALE.

Si la surface du Mexique est riche, si elle ouvre à l’agriculture une carrière bien plus variée que celle qui s’offre à elle partout ailleurs, à peu près ce que, dans le langage juridique, on nomme le tréfonds, en d’autres termes les entrailles de la terre ne laissent pas que de receler aussi des trésors. Les mines d’argent y abondent, et on en retire aussi un peu d’or. Depuis 1848, le Mexique a été dépassé dans la production des métaux précieux par deux contrées. La Californie, qui est un démembrement du Mexique même, s’est mise à rendre en or une somme supérieure à l’extraction combinée de l’or et de l’argent dans la république mexicaine, et depuis peu on a commencé à y exploiter des mines d’argent qui promettent, L’Australie ne produit encore, en fait de métaux précieux, que de l’or; mais, de même que la Californie, elle en donne pour une somme qui excède la production de l’argent dans le Mexique et même dans l’Amérique entière, je pourrais dire dans les cinq parties du monde. Cependant jusqu’à 1848 le Mexique était le premier pays de la terre pour les métaux précieux. Ce qu’il rendait des deux réunis surpassait en valeur le produit de tout le reste du nouveau continent. Si le Mexique s’est ainsi laissé surpasser, ce n’est pas la faute de la nature, mais bien celle des hommes. On retrouve ici la funeste influence de la mauvaise organisation qui a arrêté les progrès du pays en tout genre.

Les filons d’argent du Mexique n’eurent pas immédiatement après la conquête la célébrité de ceux du Pérou. C’est au Pérou que, peu d’années après que les Pizarre et Almagro y eurent introduit la domination espagnole, fut découverte une mine d’argent prodigieusement riche, et dont le nom est employé encore pour désigner une richesse sans limites, celle du mont Potosi. Il en est sorti depuis lors près de 7 milliards[1]. Sous Montézuma et ses prédécesseurs, les Aztèques exploitaient quelques mines d’argent, mais ils n’étaient point assez habiles en métallurgie pour s’adresser à d’autres que celles qui renfermaient le métal à l’état natif. Or de telles mines se présentent assez rarement. Dans la plupart des minerais qui s’exploitent avec avantage, l’aspect de l’argent est entièrement voilé par son association intime avec le soufre, l’antimoine, l’arsenic, si bien que l’œil d’une personne qui n’est pas versée dans la science n’y reconnaît pas le métal, et, ce qui est plus grave, il n’est pas

  1. On l’exploite, encore aujourd’hui, mais les minerais d’une extrême richesse qu’elle fournissait autrefois sont remplacés par d’autres d’une extrême pauvreté.