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TAMARIS


III.

Hyères est une assez jolie ville, grâce à ses beaux hôtels et aux nombreuses villas qui la peuplent et l’entourent. Sa situation n’a rien de remarquable. La colline, trop petite, est trop près, la côte est trop plate et la mer trop loin. Tout l’intérêt pour moi fut d’examiner ses jardins, riches en plantes exotiques d’une belle venue. Les pittospores et les palmiers y sont des arbres véritables. L’ami que je comptais rencontrer était parti[1]. J’errai seul aux environs durant quelques jours, et je revins convaincu que, si le climat y était moins brutal qu’aux environs de Toulon, la nature de ceux-ci, pittoresquement parlant, était infiniment plus grandiose et plus belle.

Ce qu’il y avait de plus remarquable à Hyères, c’était précisément la vue des montagnes de Toulon, les deux grands massifs calcaires du Phare et du Coude, dont les profils sont admirables de hardiesse. Vu de face, c’est-à-dire de la mer, le Pharon n’est qu’une masse grise absolument nue et aride qui, par ses formes molles, ressemble à un gigantesque amas de cendres moutonnées par le vent ; mais les lignes du profil exposé à l’est sont splendides. Le Coudon est beau sur toutes ses faces. Peu pressé de rentrer à Toulon, je résolus d’aller voir le pays du haut de cette montagne, qui est en somme la plus intéressante de la contrée. Je retournai donc vers Toulon par la route qui vient de Nice, et que je quittai à La Vallette. Je m’enfonçai seul, à pied, dans la gorge qui sépare le Coudon du Pharon, et je commençai à monter le Coudon par une route de charrettes qui s’arrête au hameau de Turris.

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 février.