blesse de M. de Metternich. Le plus considérable d’entre eux, le prince Schwarzenberg, s’en expliquait très franchement avec l’empereur Alexandre :
« ….. Après s’être quelque temps défendu de rompre le, silence, le prince
Schwarzenberg lui dit nettement que sa conduite envers l’Autriche avait
été peu franche et même peu loyale, que ses prétentions tendaient à mettre
la monarchie autrichienne dans un véritable danger, et les choses dans une
situation qui rendrait la guerre inévitable, que si on ne la faisait pas maintenant (soit par respect pour l’alliance naissante, soit pour ne pas se montrer à l’Europe comme des étourdis qui n’avaient rien prévu et s’étaient
mis, par une aveugle confiance, à la merci des événemens), elle arriverait
infailliblement d’ici à dix-huit mois ou deux ans. Alors il échappa à l’empereur de dire : «Si je m’étais moins avancé! Mais, ajouta-t-il, comment
puis-je me dégager? Vous sentez bien qu’au point où j’en suis, il est impossible que je recule[1] ….. »
Chose singulière pendant qu’à Vienne le prince Schwarzenberg parlait de guerre à l’empereur Alexandre comme d’une éventualité possible, M. de Blacas, le confident des pensées intimes du roi Louis XVIII, en entretenait le duc de Wellington à Paris, et ne s’en montrait pas autrement effrayé pour l’avenir de la dynastie nouvellement restaurée. A l’ambassadeur d’Angleterre qui lui représentait les dangers de la guerre, il répondait « que ces dangers n’existaient pas, pourvu que l’Angleterre ne prît pas parti contre la France, » et il ajoutait que d’ailleurs, dans certains cas, la paix recèle plus de périls que la guerre la plus malheureuse[2]. M. de Talleyrand avait plus de confiance que M. de Blacas; il ne désespérait pas d’entraîner l’Angleterre dans la lutte, et s’y employait de son mieux. La situation devenait de plus en plus tendue. L’empereur Alexandre, tout à fait aigri par la persistance de l’opposition de M. de Talleyrand, dont il n’avait pu triompher ni par intimidation ni par caresses, s’exprimait sévèrement sur le compte du gouvernement français. Il s’appliquait à mettre en relief ses difficultés et ses fautes, qui n’étaient que trop réelles. Il affectait de répéter qu’un gouvernement ainsi contesté ne pourrait jamais apporter grande force à ses alliés. Il menait à sa suite dans les salons de Vienne le prince Eugène de Beauharnais, pour qui le tsar s’était pris d’amitié. Plus d’une fois même on l’entendit se plaindre de ce que le cabinet des Tuileries ne montrait pas assez d’égards pour la reine Hortense, qu’il honorait de sa protection. Avec une générosité qui était dans son caractère, mais qui ne desservait pas alors sa politique, il prenait presque maintenant la défense de Napoléon contre les Bourbons. Il repro-