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pouvoir ne le fît renoncer ni à la banque ni au négoce, et plus d’une fois la ruse italienne inspira ses opérations de marchand. Devinant tout le parti qu’il pourrait tirer des mines si abondamment répandues sur le sol de la Toscane, si activement travaillées par les Étrusques et après eux par les républiques italiennes, il essaya d’en reprendre quelques-unes, notamment celles du Campigliais, respectées par le moyen âge. Il fit venir d’Allemagne un maître mineur et fondeur, et s’adressa au célèbre banquier d’Augsbourg, à Fugger, le Rothschild de l’époque. Les mines de plomb argentifère furent surtout celles qui tentèrent Cosme ; mais bientôt, distrait par les intérêts plus graves de la politique, il oublia la métallurgie, pour laquelle il avait cependant une si grande passion qu’il allait jusqu’à travailler lui-même dans le laboratoire de son palais. Les descendans de Cosme s’occupèrent aussi de l’exploitation des mines, mais portèrent leurs regards sur d’autres localités, et c’est de nos jours seulement que nous assistons à une reprise sérieuse des travaux de Campiglia. Jusqu’à présent toutefois les recherches dans les anciennes excavations, notamment pour les mines de cuivre, n’ont donné que de très faibles résultats, et, chose curieuse, le minerai que les Étrusques avaient si bien et si longtemps exploité paraît jusqu’ici trop pauvre à la science moderne ! La roche se montre aussi très résistante pour nos outils d’acier qui s’y émoussent, pour la poudre, qui l’entame et la désagrège à peine. Enfin nos fourneaux semblent rebelles à la fusion de ce minerai, qui, composé de matières essentiellement fusibles, comme l’amphibole, a parfois présenté ce phénomène singulier de se reconstituer dans la coulée sans abandonner le métal qu’il contient.

Un ingénieur civil, M. Blanchard, mon ami et mon hôte, car c’est chez lui que je séjournais à Campiglia, était naguère encore directeur de ces mines et fonderies de cuivre pour le compte d’une compagnie parisienne. C’est lui qui m’a conduit dans l’intérieur des carrières étrusques, comme un géologue, M. Nardi, m’en a fait visiter l’extérieur. Avec l’aide de ces savans et si aimables compagnons, j’ai pu explorer aussi, au pied d’un château en ruine, celui de la Roche-Saint-Sylvestre, les anciennes carrières d’où les Étrusques tiraient les pierres pour leurs fourneaux. Ce sont des roches volcaniques de la nature des trachytes et qui résistent très bien au feu. L’éruption de ce terrains eu lieu à une époque géologique plus moderne que l’apparition des gîtes métallifères. Les trachytes sont arrivés tout d’une pièce, et les ruines du château de Saint-Sylvestre, pittoresquement assises sur la cime d’une butte élevée formée de ces roches volcaniques, présentent un paysage de l’effet le plus heureux. Les filons de cuivre et de plomb ont été en partie disloqués