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par l’apparition de ces roches ; les couches elles-mêmes du terrain des marbres, qui composent presque tout le sous-sol de cette localité, ont été violemment soulevées jusqu’à la hauteur du Monte-Calvi, point culminant de la contrée.

Les Étrusques ne se sont pas contentés de l’exploitation des gîtes métallifères de Campiglia, et aux flancs de la montagne de marbre dont est formé le Monte-Calvi se dessinent nettement d’anciennes carrières jadis exploitées par les Étrusques, et après eux par les Romains. On enlevait avec le pic et le coin d’immenses blocs que l’on précipitait ensuite dans la vallée. Quelquefois ces masses se brisaient en route et encombraient le chemin qu’elles auraient dû parcourir entières de débris et de tronçons épars, Ce mode barbare d’exploitation est encore usité aujourd’hui à Carrare et à Seravezza, dans le nord de la Toscane, d’où se tirent ces marbres blancs et gris employés dans le monde entier pour la statuaire et l’ornement. Ceux de Seravezza ont été découverts par Michel-Ange lui-même, qui connaissait aussi ceux de Campiglia. Ces derniers imitent, par le grain et la transparence, le marbre si estimé de Paros, et on a peine à comprendre qu’ayant été à plusieurs époques si utilement exploités, ils soient aujourd’hui tombés dans l’oubli. Les Étrusques, pour une partie de leurs tombeaux et de leurs bas-reliefs, ont fait venir la pierre de Campiglia, et les Romains connaissaient si bien ces carrières que le long de la voie Émilienne on a découvert une borne milliaire faite de ces marbres. Dans les mosaïques que l’on a aussi rencontrées sous le sol dans ces localités, les pièces rapportées de couleur blanche sont formées du marbre campigliais. Les anciennes exploitations de ces carrières ont d’ailleurs laissé des traces visibles sur le sol, et l’on peut presque déterminer, par la différence de teinte que présente le marbre sur les parois restées visibles, l’époque relative où la carrière a été exploitée.


III. — FOLLONICA ET MONTIONI.

Pendant tout le temps que je séjournai à Campiglia, je trouvai non-seulement l’accueil le plus gracieux auprès de mon hôte, mais il voulut bien m’accompagner aussi dans quelques excursions hors du lieu de sa résidence. Le cocher qu’il avait à son service prit les fonctions de Gamba Corta, et deux chevaux à l’allure rapide remplacèrent l’attelage beaucoup plus calme de l’automédon livournais. Follonica et ses hauts-fourneaux furent le but d’une première excursion. À peine sortis de Campiglia, nous rejoignîmes la voie Émilienne au petit hameau de Caldana, ainsi nommé parce qu’une source