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Le Tanganyika a une eau douce et limpide très agréable. Il est très profond. Ses affluens sont nombreux ; ce lac est le grand réservoir de tous les cours d’eau et des torrens de cette partie de l’Afrique. Il semble être le résultat d’un grand déchirement volcanique ; cependant l’infériorité du niveau du Tanganyika, par rapport à celui de la mer, semble peu favorable à cette hypothèse. On ne lui connaît pas d’affluens, par conséquent il ne communique pas avec les autres lacs ; mais après la saison des pluies il étend ses limites. La persistance alternative des vents d’est et d’ouest imprime aux flots un mouvement qui découvre une bande des rivages, ce qui a fait croire à tort aux Arabes que le lac avait un flux et un reflux.

Après leur retour à Ujiji, les voyageurs firent leurs préparatifs de départ ; ils étaient pressés de rentrer sur le théâtre de la civilisation blanche. Ils quittèrent à la fin de mai 1858 ces régions de l’Afrique intérieure et revirent successivement l’Unyanyembé, Kazeh et les autres stations de leur itinéraire. À Kazeh, M, Burton fut obligé de prendre quelque repos pour rétablir sa santé, très altérée par les précédentes fatigues, et ce fut ce temps que M. Speke mit à profit pour explorer les régions du Nyanza. M. Burton recueillit d’ailleurs des Arabes quelques informations sur ces mêmes pays. Les voyageurs apprirent ainsi que l’Uganda est à cinquante-trois stations d’Djiji, dont il est séparé par l’Usui et le Karagwok, qui forme la frontière septentrionale du lac Nyanza. Ce pays s’étend sur les rivières Kilanguré et Kitangulé, tributaires du lac ; il est entièrement situé sur l’équateur. Les montagnes s’y élèvent à une hauteur de 2,500 mètres ; elles sont entrecoupées de gorges et de vallées profondes. Les plaines et les jungles y sont rares. Les voyageurs qui arrivent par le sud aux limites de ces contrées, tandis que d’autres y parviennent en remontant le Nil, sont près de se rejoindre, et bientôt du nord et du sud ils se donneront la main par-dessus l’équateur.

C’est ainsi, en utilisant par l’étude des renseignemens indigènes les nombreuses haltes de leur retour, que les explorateurs atteignirent, en février 1859, les côtes de l’Océan-Indien, qui allait les emmener loin de cette Afrique qu’ils ont tant contribué à nous faire connaître. En rentrant dans leur patrie, ils n’allaient pas lui demander un long repos, car M. Speke est reparti en compagnie d’un nouveau voyageur, M. Grant, pour les mêmes régions de l’Afrique, avec l’intention de pénétrer cette fois jusqu’à l’équateur. M. Burton est allé, pour compléter sa connaissance du monde, visiter l’Amérique septentrionale et le pays des Mormons ; puis, à son retour, nommé consul de la Grande-Bretagne à Fernando-Pô, il n’a pas tardé à se sentir repris de la passion des voyages, et nous venons d’apprendre, par une récente communication, que l’infatigable explorateur ;