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l’unité italienne puisait dans le prestige monarchique de Victor-Emmanuel, c’est-à-dire dans le cadre et l’organisation d’un gouvernement régulier, il se fait l’avocat inconséquent de ceux de ses partisans qui à Bergame allaient compromettre le gouvernement italien, le dépouiller de son autorité morale, et exposer à une ruine désastreuse ses ressources matérielles ! Le bon sens et le patriotisme italien ont été péniblement affectés de ces erreurs du général Garibaldi. Le parlement va se réunir à Turin. Si le général Garibaldi, se laissant dominer par un inquiet entourage, cherche devant le parlement à continuer la lutte contre le gouvernement de son pays, son ascendant et son crédit essuieront des échecs certains. Nous avons toujours dit que le sentiment conservateur était plus général et bien plus puissant en Italie qu’on ne se le figure en France. Les manifestations du parlement italien, nous en sommes sûrs, en fourniront bientôt la preuve. La fermeté que vient de montrer le gouvernement italien mérite au surplus les encouragemens des libéraux. Nous ne devons pas oublier notamment que la France, par la persistance anormale de l’occupation de Rome, crée des embarras réels au gouvernement italien, et excite les impatiences que ce gouvernement est obligé de contenir, et au besoin de combattre. Nous devons une récompense prochaine à la vigueur que déploiera sans doute le cabinet italien pour défendre et faire prévaloir sa légitime autorité et l’ordre public. Cette récompense est indiquée, c’est la cessation de l’occupation romaine. Un progrès moral vient de s’accomplir dans cette tendance. Le général de Goyon n’est plus à Rome, et orne aujourd’hui, à notre grande satisfaction, le sénat, Nous croyons que M. de Lavalette part demain pour Rome. Ce n’est pas encore l’évacuation ; mais il est évident qu’on s’en rapproche. Il n’est point jusqu’à cette grande cérémonie religieuse qui attire à Rome tant d’évêques, de prêtres et de pèlerins, qui ne soit un symptôme, et ne semble un suprême adieu adressé au pouvoir temporel par les pompes de la souveraineté catholique. Dieu nous préserve de manquer au respect dû à cette grande manifestation religieuse. Nous y voyons une véritable et touchante démonstration de la puissance du sentiment catholique dans le monde. De qui consacre-t-elle la mémoire ? De martyrs qui ont été d’humbles chrétiens dévoués à leur foi jusqu’à la mort. Pour réunir de si nombreux hommages autour de ces noms hier inconnus, aujourd’hui vénérés du monde catholique, à quoi servent, nous le demandons, les chaînes dorées du pouvoir temporel ? Qu’a donc à faire avec le sang des martyrs la, pourpre des cardinaux sortis de la prélature ?

En Angleterre, la controverse entamée à propos de l’état des finances sur la question des armemens se poursuit avec une persévérance significative. Non content de sa première attaque contre la politique de lord Palmerston au sujet des armemens et des dépenses qu’ils entraînent, M. Disraeli a repris la question sous une forme nouvelle dans un second discours, et l’on annonce sur le même sujet une prochaine harangue de lord Derby. Cette fois encore M. Disraeli s’est abstenu de porter le débat sur son véritable