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tiles. Pour quels motifs les choses se passeraient-elles autrement en France ?

Il est également question d’une foule d’animaux que l’on voit avec surprise figurer parmi les hôtes du jardin de la Société d’acclimatation, et dont la principale destination serait, paraît-il, de fournir aux chasseurs l’attrait d’un gibier délicat. Nos champs et nos bois ne souffrent cependant déjà que trop de la voracité du lapin pour qu’on ne nous afflige pas encore de l’agouti, du kanguroo, du mara ou de tout autre rongeur. En définitive, les espèces qui se nourrissent de végétaux laissés jusqu’à ce jour sans emploi lucratif sont les seules qu’il nous paraisse désirable d’acclimater dans notre pays. C’est à ce titre qu’on doit se féliciter des succès obtenus par la persévérance de M. Guérin-Menneville dans l’éducation du ver à soie de l’allante et des chances non moins favorables que présente l’acclimatation du ver à soie du chêne. Peut-être la limite que nous établissons semblera-t-elle bien étroite; elle est cependant à nos yeux la seule qu’admettent la vérité des faits et les intérêts agricoles.

Que faut-il conclure de la série de faits et d’observations qu’il nous a semblé utile d’exposer sur le rôle des animaux dans l’agriculture?

La nécessité d’augmenter autant que possible l’effectif des animaux entretenus sur la ferme, en donnant toutefois une large préférence au bétail de rente et au bétail de profit, et en réduisant au strict nécessaire la proportion des attelages, — la possibilité plus fréquente qu’on ne le croit généralement de combiner le rôle des animaux de travail avec leur modification ultérieure en bêtes de rente ou en bêtes de profit, — l’avantage qu’il y a toujours à mieux nourrir un nombre limité d’animaux plutôt qu’à en entretenir une quantité plus considérable, — enfin l’utilité des conseils que fournit l’art vétérinaire sur le choix, la multiplication, l’entretien et l’engraissement des animaux domestiques, sont, il nous semble, les conséquences logiques de tout ce qui précède.

On a pu reconnaître qu’il n’existait dans aucune des espèces d’animaux domestiqués par l’homme une race quelconque qui dût être prônée partout comme portant dans ses veines le germe de toutes les perfections. Les améliorations que l’agriculture peut faire subir au bétail dépendent en grande partie des ressources fourragères dont on dispose; mais elles résultent aussi de la sagesse avec laquelle on dirige la reproduction de ce bétail. Pour atteindre rapidement le but désiré, il faudra plus d’une fois recourir au procédé si délicat du croisement par une race supérieure. Cependant les dangers que présente cette méthode, quand on ne sait pas bien la