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cette saison, où nous avons eu un ou deux jours d’une chaleur extrême et beaucoup de jours d’un froid excessif. »

A son tour, le roi Jacques fit attendre à la cour de Madrid sa réponse à la nouvelle offre qu’elle lui adressait. En février 1612, le duc de Lerme demanda à sir Charles Cornwallis s’il avait reçu de Londres une décision à ce sujet. «Non, lui dit l’ambassadeur; le roi mon maître n’a que deux fils : ce qui lui tient le plus au cœur, je crois, c’est l’espoir d’une prompte et nombreuse descendance; le prince de Galles est déjà en âge d’homme; votre seconde infante n’a pas encore six ans; notre prince aurait à l’attendre bien des années, et la fleur de sa jeunesse, à lui, passerait avant qu’il se vît des héritiers. C’est là, je pense, ce qui fait que mon roi délibère avant de répondre à votre offre. » Un peu plus tard, le roi Jacques chargea son ambassadeur de demander à la cour de Madrid ce que signifiait précisément cette phrase toujours répétée chaque fois qu’on parlait de ce mariage : « Pourvu que la question de religion puisse s’arranger. » Après deux mois de délibération, le duc de Lerme répondit à sir Charles Cornwallis : «Le roi mon maître, désirant vraiment faire alliance avec votre roi, a consulté le pape et d’autres graves personnages compétens dans cette grave affaire; si, pour régler la question de la religion, votre prince veut devenir catholique romain, mon roi l’embrassera et le traitera comme son propre et cher fils. Sans cela, la foi de l’infante serait infailliblement mise en péril, ce dont mon roi, fût-ce pour le monde entier, ne veut, directement ni indirectement, être jamais la cause. — En fait de religion et d’honneur, répondit l’ambassadeur anglais, le roi mon maître n’est pas moins exact, ni moins exigeant que le vôtre; il m’a donc ordonné de déclarer que, tout en regardant l’offre que votre roi lui fait de sa fille comme une offre digne et amicale, il regarde aussi la demande que le prince son fils devienne catholique romain comme tout à fait indigne de lui, et qu’il refuserait absolument de le marier à de telles conditions, quand même la princesse qu’on lui offrirait serait l’unique héritière de la monarchie universelle. » Cette double déclaration mutuelle mit pour le moment fin à la négociation.

Pour l’honneur du roi d’Angleterre, il était temps qu’elle cessât; depuis plusieurs mois déjà, il était dupe et battu. Quand on avait proposé à Henri IV le double mariage de son fils Louis avec l’infante Anne d’Autriche et de sa fille Elisabeth avec l’infant don Philippe, plus tard. Philippe IV, il avait décliné cette offre en disant : « Pour faire mon fils un grand roi, il n’est pas du tout nécessaire que ma fille soit reine. » Dans sa politique générale, il avait dès lors en vue le mariage de sa fille avec le duc de Savoie Victor-Amédée Ier; mais, Henri IV à peine mort, la cour de Madrid chargea son ambassadeur