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rées auxquelles sont assujetties les marchandises importées, par le maintien de l’échelle mobile pour l’importation des céréales, par la suppression de tous les droits dont les exportations étaient frappées. Elle protège en même temps les finances nationales contre les funestes effets de la contrebande, si facilement pratiquée sur les côtes étendues et accidentées de la Grèce, par le minutieux système de surveillance mutuelle auquel sont soumis les agens des douanes. L’industrie et la culture paraissent avoir prospéré d’une façon très sensible sous l’empire de cette législation bienveillante, puisque les exportations, qui s’élevaient seulement au chiffre de 9,677,460 dr. en 1844, ont atteint en 1857 celui de 21,351,642[1]. Les lois de 1836 et 1844 organisent le régime forestier, et l’ordonnance du 27 décembre 1833 réglemente l’administration des salines, dont l’état possède le monopole, par de nombreuses dispositions également tutélaires pour les intérêts du trésor. Malheureusement les employés qui dirigent ces machines administratives ne peuvent offrir les garanties d’une gestion fidèle. Leurs traitemens ne suffisent point à assurer leurs plus impérieux besoins. On ne leur demande pas en général le cautionnement qu’ils doivent fournir, ils ne sont pas surveillés, et ils le savent. Comment, dans un pareil état de choses, les rigoureuses prescriptions des règlemens ne seraient-elles pas plus ou moins éludées par les faveurs et les complaisances mutuelles ? Il est à peu près certain que les douanes ne versent pas tous leurs produits dans les caisses publiques. Les forêts sont également presque improductives; la propriété en est encore en partie litigieuse; l’incendie les dévaste périodiquement ; elles sont irrégulièrement aménagées, et les agens font preuve d’une telle tolérance dans la distribution du bois de chauffage à laquelle ont droit les communes riveraines, que ces distributions, soi-disant exigées par les besoins du peuple des campagnes, fournissent à l’étranger plus de 2 millions de kilogrammes de bois, tandis que toutes les ressources forestières ne donnent à l’état qu’une somme annuelle d’environ 290,000 dr.[2]. Le monopole des salines est aussi bien loin de lui rapporter tout ce qu’il serait en droit d’en attendre. On remarque avec surprise que les débitans d’Athènes vendent aux consommateurs de 14 à 25 leptas ce que le gouvernement leur délivre, dans ses magasins généraux, au prix de 8 leptas, et que la tribune officielle ait cherché à établir la nécessité d’emprunter du sel aux pays étrangers quand

  1. Elles s’étaient élevées à 25,065,643 drachmes en 1856, mais n’avaient pas dépassé 11 millions en 1855. Dans la même période de temps, les importations n’ont pas aussi sensiblement progressé. Elles ont atteint le chiffre de 18,543,115 drachmes en 1844, et celui de 22,779,939 en 1859.
  2. Pour une étendue approximative de 1,200,000 hectares.