L’idée d’une exposition universelle, — les Anglais eux-mêmes le reconnaissent, — est une idée française : elle se rattache aux principes de la révolution de 89 ; elle fut présentée au gouvernement du roi Louis-Philippe, qui ne crut pas que le moment fût venu de l’appliquer, et c’est à Londres qu’elle devait être mise en pratique pour la première fois, le 1er mai 1851. Quiconque connaît le caractère vraiment cosmopolite de la grande métropole britannique ne s’étonnera point qu’il en ait été ainsi ; quoique frappée d’une empreinte tout anglo-saxonne, la ville de Londres peut être regardée comme un terrain d’assimilation et un vaste atelier de travail dans lequel toutes les races de la terre se donnent rendez-vous. Il y a dans cette ville unique un quartier français, et l’on évalue de trente à quarante mille le nombre de nos compatriotes qui se sont établis dans la capitale de l’Angleterre[1]. Dans les environs des fabriques,
- ↑ Cette population, je le dis à regret, ne fait point honneur à la France ; elle se compose en général d’aventuriers, de chevaliers d’industrie, de commerçans malheureux, de toute sorte de gens qui n’ont point quitté le pays pour leurs vertus. Il est d’ailleurs dans la nature du Français à Londres d’exagérer les manières et les prétentions de sa contrée natale à tel point qu’encadré dans le milieu de la société anglaise il devient souvent ridicule, même pour un autre Français.