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spirituelle du pape. Je suis sûr que, pour rien au monde, vous ne voudriez que je renonçasse à ma religion ; tout ce que je puis deviner de votre avis, c’est que vous faites allusion à un passage de mon livre contre le cardinal Bellarmin, dans lequel, si le pape veut renoncer à sa divinité et à son usurpation sur les rois, j’offre de le reconnaître comme l’évêque-chef auquel tous les appels ecclésiastiques doivent être soumis en dernier ressort. Ce sont mes propres paroles que je vous répète, et c’est le dernier terme auquel ma conscience me permette d’aller, car je ne suis pas un monsieur qui change de religion comme on change de chemise quand on vient du jeu de paume.

« Quant à la souveraineté temporelle du pape sur l’état de Rome, je n’y fais non plus aucune objection ; qu’il soit, au nom de Dieu, le premier entre les évêques et le prince des évêques, mais comme saint Pierre était le prince des apôtres. »

La confiance de Charles et de Buckingham dans leur prochain succès ne tarda pas à être ébranlée. Les principales conditions du mariage déjà convenues entre les deux souverains étaient que l’infante et sa maison auraient en Angleterre le libre et plein exercice de la religion catholique, que l’éducation des enfans issus de ce mariage resterait entre les mains de leur mère jusqu’à l’âge de sept ans, et qu’ils ne perdraient point, fussent-ils catholiques, leur droit de succession au trône ; qu’aucun prêtre catholique ne serait mis à mort pour avoir exercé son ministère spirituel ; enfin que les lois de rigueur qui existaient en Angleterre contre les catholiques en général ne seraient pas effectivement exécutées. C’était sur ces bases que la dispense papale avait été demandée. Dans la négociation suivie à Rome à ce sujet par l’agent du roi Jacques comme par l’ambassadeur d’Espagne, le pape Grégoire XV avait ajouté à ces conditions diverses demandes nouvelles : Jacques avait accordé les unes, contesté les autres, et quoiqu’au départ du prince de Galles pour l’Espagne, rien n’eût encore été définitivement réglé, on se croyait, on voulait du moins se croire d’accord. Cependant Charles et Buckingham[1] écrivirent au roi Jacques : « Nous sommes bien fâchés de ne pouvoir vous annoncer l’arrivée de la dispense. Elle est certainement accordée, certainement aussi elle est en route pour venir ici ; mais elle est chargée de quelques nouvelles conditions qu’il sera facile, nous l’espérons, de faire écarter. Ils demandent deux ans de plus pour l’éducation des enfans, qu’il ne soit exigé de tous vos sujets catholiques romains aucun autre serment que celui qui sera prêté par les serviteurs de l’infante, et qu’ils puissent tous aller librement à son église. Quant au second point, notre réponse sera que le serment

  1. Le 22 avril (2 mai) 1623.