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Titus sur son char de triomphe et couronné par la victoire offre un motif souvent imité. Titus enlevé sur les ailes d’un aigle, comme on le voit au centre de la voûte, est un emblème d’apothéose qui étonne davantage notre goût.

Nous sommes ainsi rendus auprès de la Voie-Sacrée, qui côtoyait les édifices rangés au pied du Palatin ; mais au milieu de la place que de vestiges précieux pourraient être cherchés encore ! Vers le centre, la piété romaine contempla longtemps avec respect ce qu’elle appelait le lac de Curtius, au même lieu où, sept siècles plus tard, la corruption romaine honora la statue de Domitien. Au-delà et dans le même axe s’élevèrent le temple de Jules César et la basilique de Paulus ; mais tout est effacé.

Enfin au nord, du côté opposé au Palatin, le marteau des démolisseurs bien dirigé et puis la pioche des terrassiers non moins bien conduite pourraient rendre d’éminens services à la science de l’art et de l’antiquité, si l’on osait tout déblayer, en ne laissant debout que les ruines et les églises. Supposez en effet que nous descendons du Capitule par la pente à gauche du temple de la Concorde ; nous passerons au pied d’une petite église, S. Giuseppe de Falegnani, qui n’est séparée que par la rue de l’arc de Septime-Sévère. Cette fois nous pourrons entrer, guidés par M. Ampère. On y monte par un perron au-dessous duquel on passe du dehors dans une chapelle où se voient partout les marques de la dévotion populaire. La crypte de cette église est la prison Mamertine, le plus ancien, monument que Rome ait conservé. Cette geôle, ouvrage du bon Ancus du populaire Ancus, se composa de deux cachots étrusques, voûtés en blocs de péperin et creusés l’un au-dessus de l’autre dans le flanc de la montagne. Quoique réparé sous Nerva, l’intérieur, sombre et humide, semble encore tel que l’ont vu Tite-Live et Salluste. Là, Jugurtha mourut de faim, là furent étranglés, les complices de Catilina ; là, Séjan fut mis à mort ; là, suivant une tradition douteuse, saint Pierre fut avec saint Paul enfermé sous Néron. Avant d’aller au martyre, il convertit ses geôliers, d’autres disent ses compagnons de captivité, et une eau miraculeuse jaillit aussitôt, pour qu’il pût les baptiser. On m’a montré en effet une petite citerne dont l’eau passe encore pour guérir tous les maux. Cette prison, qui dominait le Forum au nord, qui le menaçait, dit Tite-Live, est ce Tullianum dont l’escalier s’appelait les Gémonies. Elle a passé longtemps pour la seule prison de Rome, la seule en effet pour le peu de criminels d’état qui devaient mourir. L’exil était la peine ordinaire des citoyens romains, et l’on comptait pour rien les cachots domestiques des débiteurs et des esclaves.

Si l’on suit la rue latérale au Campo-Vaccino, et que l’on croit