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Les aspects de l’exposition des chemins de fer vont changer notablement, on le devine sans peine, dans la catégorie des objets divers. Plus d’unité, du moins plus d’unité ; si ce n’est dans, la destination définitive. Non-seulement les formes varient, la nature même des objets est souvent des plus dissemblables. Les exigences du service sollicitent l’esprit de recherche dans une multitude de spécialités distinctes. Toute énumération deviendrait ici impossible. Un inventaire sommaire serait même très complexe, si on n’y formait pas quelques groupes, qui suffisent du reste pour qu’on saisisse l’ensemble.

Parmi les innovations, il en est d’abord qui s’appliquent à la voie même : entre celles-là, les rails occupent naturellement une place importante. Déjà transformés, depuis l’origine, quant à la nature, à la longueur et au poids, les rails, dont la bonne qualité se lie. essentiellement à la sécurité de la circulation, sont toujours l’objet d’incessantes études. Il faudrait lire les cahiers des charges tenant lieu de loi dans les marchés entre les compagnies et les maîtres de forges, pour avoir une idée complète des précautions infinies dont cette partie du service est environnée ; mais ici le fait capital, c’est un changement dans le métal employé, du moins en certains cas. En effet on substitue l’acier fondu au fer, non pas sur toute une ligne, ce qui porterait la dépense à des chiffres énormes, mais sur les passages les plus fatigués, là où s’opèrent les changemens de voie. L’acier fondu possède une incomparable supériorité sur le fer au point de vue de la résistance et de la durée. On en jugera par cet exemple : des appareils pour le changement de direction fonctionnant à l’entrée des gares de Paris, sur tels ou tels points incessamment fréquentés, et qu’il fallait renouveler tous les mois alors qu’ils étaient en fer ordinaire, ont été remplacés depuis plus de deux ans par des rails en acier fondu, qui n’offrent encore aucune trace d’usure[1].

A côté des articles qui servent au perfectionnement de la voie, d’autres tendent à faciliter le travail soit dans les gares, soit sur la route, à l’aide de mécanismes variés : ce sont des grues : puissantes pour charger et décharger les marchandises ; ce sont des appareils hydrauliques pour prendre l’eau nécessaire à la locomotive ; ce sont de nouvelles plaques tournantes pour le passage des véhicules d’une

  1. On ne sera peut-être pas fâché d’avoir quelques détails sur la fabrication des rails ordinaires dans notre pays. D’après les derniers comptes-rendus officiels, nous comptions en France dix départemens où se fabriquaient des rails en fer pour des quantités plus ou moins notables. Nommons le Nord, qui en produisait pour près de 8 millions de francs par année, la Moselle pour un peu plus de 7 millions, Saône-et-Loire pour un peu plus de 3 millions 1/2, le Gard pour 2 millions 1/2, l’Aveyron et l’Allier chacun pour un peu plus de 2 millions, la Loire pour 1,300,000 francs environ.