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recteur, qui ressemble un peu pour l’embonpoint aux chanoines de Boileau, surveille avec un regard de satisfaction sensuelle les bonnes choses, beurre, volailles, gibier, que les paroissiens apportent pour le soutien de l’église.

Le Danemark, dont l’académie de peinture remonte à 1756, semble avoir hésité au début sur la voie qu’il devait suivre. On reste étonné à l’exposition du grand nombre de toiles danoises qui se rapportent à la vie italienne. Les artistes du Danemark, découragés sans doute par les obstacles qu’ils rencontraient dans leur pays, avaient coutume de se répandre à l’étranger, surtout à Rome ou à Naples. Un retour vers le sentiment national a heureusement dirigé depuis quelque temps les esprits dans une nouvelle voie. Ainsi que les maîtres norvégiens ou suédois, c’est maintenant chez eux que les peintres danois cherchent une source d’inspirations. L’un d’entre eux, M. Simonsen, après avoir vécu à Munich, est revenu dans sa terre natale, où il s’occupe à illustrer la légende des mœurs domestiques. Un ancien usage qui a existé en Angleterre, et qui s’est maintenu en Danemark, veut que, du moment où les parens sont tombés d’accord des deux côtés sur les conditions d’un mariage, le prétendant se présente dans ses plus beaux habits de fête chez le père de la jeune fille et offre à sa prétendue, soit une tasse, soit un livre de psaumes ; si elle accepte le don, les fiançailles se trouvent conclues. Telle est la cérémonie que M. Simonsen a décrite dans un tableau plein de charme. Mme Gerichau, d’origine polonaise, mais femme d’un sculpteur danois célèbre, s’est consacrée à sa terre d’adoption, dont elle a épousé en quelque sorte le génie populaire et naïf. Cette artiste paraît surtout affectionner les intérieurs pauvres et le contraste toujours attendrissant de l’enfance et de la misère. On refarde avec émotion les Enfans pauvres, groupe touchant de deux petits êtres qui dorment en s’embrassant dans leur infortune, et l’Arbre de Noël : une petite fille et un petit garçon, assis au pied d’un grabat, lisent la Bible à leur mère malade et couchée ; une lumière triste comme l’hiver et comme l’indigence éclaire cette chambre nue ; tout à coup la porte s’ouvre, et sur le seuil apparaît une jolie fille richement vêtue, suivie d’un domestique, et portant dans ses bras l’arbre de Noël chargé de cadeaux. Un autre peintre, M. Exner, s’est surtout attaché à la vie des paysans. Il y a peu de tableaux qui aient obtenu à l’exposition le succès de la Visite du Dimanche au grand-papa : un vieil habitant de l’île d’Amack salue avec un éclair de joie paternelle l’arrivée de sa petite-fille, conduite par sa mère, fort proprement vêtue d’un corsage et d’une jupe de drap, avec un ornement de tête en velours, moitié rouge, moitié noir. À première vue, je crus reconnaître dans l’habillement de l’homme le costume