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Enfin, après bien des tâtonnemens, l’action fut entamée, Hooker reçut le 25 juin l’ordre de se porter à un mille en avant jusqu’à une vaste clairière sur la route directe de Richmond. On calculait que ce mouvement attirerait une résistance générale des confédérés à l’aide de laquelle on recommencerait la bataille de Fair-Oaks, sur le même terrain, mais avec des ponts solidement établis, et par suite avec le concours de l’armée tout entière. Si le défi n’était pas accepté, on avait fait un pas en avant ; on en ferait un autre le lendemain, et ainsi de suite on arriverait aux portes de Richmond. On se fiait à sa bonne étoile pour le reste. Hooker, monté sur un cheval blanc, qui dans le bois le rendait visible pour tous et surtout pour l’ennemi, s’avança intrépidement. L’espace de terrain qu’il devait conquérir fut pris, repris, et finalement occupé par sa division, avec une perte de 4 à 500 hommes. Les deux braves généraux de brigade Grover et Sickles prêtèrent à leur chef en cette rencontre la plus énergique assistance ; mais pendant le combat des nouvelles graves étaient survenues. Les déserteurs, les transfuges nègres, le télégraphe de Washington lui-même, généralement si sobre de renseignemens, s’accordaient à donner le même avis : de nombreux renforts venaient d’arriver du sud à Richmond ; Beauregard en outre, laissé libre par l’évacuation de Corinthe et la suspension des opérations dans l’ouest, avait apporté, à l’heure décisive, le concours de sa capacité militaire et surtout de son prestige à la cause esclavagiste. Enfin le partisan Jackson, laissant les 80,000 hommes qui couvraient inutilement Washington tout ahuris de leur infructueuse campagne contre lui, était venu lui-même compléter la concentration de toutes les forces confédérées contre l’armée du Potomac. Il avait voyagé en chemin de fer, et on signalait déjà ses avant-postes aux environs de Hanover-Court-House. Grossi de la division Whiting, le corps qu’il commandait pouvait compter 30,000 hommes. L’effort commencé par les fédéraux contre Richmond ne pouvait plus désormais se poursuivre : la présence de Jackson à Hanover-Court-House annonçait chez lui l’intention manifeste de se porter sur leurs communications, et de les intercepter en coupant le York-River-Rail-Road. Bientôt il n’y eut plus de doute sur cette manœuvre. On vit un corps de troupes considérable, parti de Richmond, traverser le cours supérieur du Chikahominy, afin de se réunir à Jackson et d’exécuter ce mouvement tournant dont nous avons plus haut signalé le danger. Profitant de sa supériorité numérique, l’ennemi offrait la bataille à la fois des deux côtés de la rivière.

Toutes les chances de succès étaient pour lui. Reportons notre pensée à ce V dont nous nous sommes déjà servi dans notre récit de