Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 41.djvu/987

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont le service financier de 1862 était menacé venaient des dépenses de la marine et de la guerre, et que c’est à conjurer ces embarras que sont employés les excédans du revenu florissant du premier semestre et les accroissemens de taxes qui frappent la seconde moitié de l’année. Il en est de même pour 1863 : nous avons, au point de vue du revenu, de belles et légitimes espérances pour cet exercice ; mais ces espérances, dont on pourrait tirer un parti si fécond en réglant mieux la dépense, n’aboutissent qu’à nous promettre que nous pourrons couvrir les frais de l’expédition du Mexique ! Enfin que ne devrait-on pas attendre de 1864, puisque l’on espère tant de 1863 ! Les augmentations de revenu de 1862 et de 1863 accumulées, ajoutées au progrès de 1864, formeront sans contredit une somme énorme. Ce sera le cas, penserez-vous, de biffer les taxes temporaires qu’on a été obligé d’établir cette année pour se procurer des ressources extraordinaires. On le pourrait sans doute, si les dépenses étaient sobrement contenues ; mais cette confiance optimiste ne paraît point être partagée par M. Fould. Le ministre a dressé son budget de 1864 ; il le présente en ce moment au conseil d’état, et le mieux qu’il nous donne à espérer, c’est que le budget nous permettra, non de réduire les impôts, mais de ne point les aggraver.

La justice nous invite du moins à reconnaître que la réforme tentée par le ministre des finances et les nouvelles divisions introduites par lui dans le budget produisent dès à présent les deux heureux effets qu’on devait s’en promettre. En premier lieu, l’expérience de cette année démontre qu’il est possible de passer l’intervalle de deux sessions sans recourir aux crédits supplémentaires. Certes la guerre du Mexique et nos autres expéditions lointaines ont dû apporter cet été de l’imprévu dans nos dépenses : l’on a pourtant paré à cet imprévu sans crédits supplémentaires ; on s’est arrangé pour trouver où elles étaient les ressources nécessaires, et on les a en effet trouvées. On dira, il est vrai, que le gouvernement a eu eette année à sa disposition une masse de ressources extraordinaires, ressources qu’il a épuisées, et qu’il ne retrouvera plus dans l’avenir. Il est clair que l’on n’aura pas chaque année des reliquats d’emprunt, des indemnités chinoises et d’antiques créances sur l’Espagne ; mais le rétrécissement des ressources sera du moins un frein à la dépense, et il faudra bien, si l’on veut tenir les engagemons pris, que ce frein soit efficace. En second lieu, la nouvelle classification adoptée, la distinction entre le budget normal et le budget extraordinaire, a le mérite, que l’on aperçoit dès à présent, de mettre constamment sous les yeux de qui de droit le tableau comparatif de l’excès des dépenses et de l’excès des charges imposées au pays. C’est un bilan destiné à devenir de plus en plus éloquent, où, en face des dépenses qui ne sont pas normales, qui ne sont pas nécessaires, qui sont superflues, figureront les augmentations d’impôt ou l’absorption stérile des accroissemens de revenus, produites par ces dépenses. Gouvernement, chambres, pays seront ainsi, à chaque instant, avertis des conséquences financières