Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 42.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de combattre. Un corps de 600 coulies fut recruté et formé par les soins du capitaine de vaisseau Coupvent-Desbois, commandant supérieur de Canton, et du lieutenant de vaisseau Rouvier qui les conduisit et les commanda en Cochinchine. L’argent, les vivres et le charbon furent emmagasinés et répartis à Hong-kong d’après des indications spéciales. Le contre-amiral Page reçut l’ordre de faire arrêter et débarquer à Hong-kong 1,300,000 piastres mexicaines qui allaient arriver de France sur les bâtimens de guerre. La frégate la Persévérante dut prendre à son bord les sommes consenties par le traité de Tien-tsin et la convention de Pékin. Quatre cent mille rations qui existaient alors à Hong-kong furent considérées comme une réserve suffisante. Tous les navires vivriers durent être envoyés à Saïgon. Sur huit mille tonnes de charbon qui se trouvaient en rade de Hong-kong à bord des bâtimens affrétés par le gouvernement français, quatre mille tonnes furent mises à terre, quatre mille autres envoyées à Saïgon.

Pour achever le tableau des préparatifs de l’expédition de Cochinchine, il convient, d’indiquer ici la part qu’allait y prendre l’Espagne. Le contingent espagnol à Saïgon se trouvait alors réduit à deux cent trente hommes d’infanterie. Le vice-amiral Charner donna avis des préparatifs en cours d’exécution au colonel et plénipotentiaire Palanca y Guttierez, ainsi qu’au gouverneur-général des Philippines. Il demandait à ce dernier, et par ordre d’urgence, un supplément de cent cinquante cavaliers, de quatre cents fantassins et trois cents marins tagals. Manille était particulièrement à même de fournir cent cinquante cavaliers montés, dont il était aisé de prévoir que le rôle serait des plus utiles en Cochinchine. Ce renfort fit défaut cependant ; mais l’amiral trouva chez le plénipotentiaire Palanca y Guttierez une coopération loyale et ardente, telle que pouvait l’assurer le caractère chevaleresque de cet officier espagnol.

Tous les services étrangers à l’expédition de Cochinchine furent également réglés à Voosung. Le Prégent, la Dordogne et la Gironde partirent avec des missions spéciales. Le Prégent fut détaché à Fou-chow-fou, sur les côtes du Fo-kien, pour y percevoir le premier terme de l’indemnité due à la France d’après les clauses de la convention de Pékin. Cette affaire était épineuse ; elle fut bien conduite et réussit. Le Prégent fut le premier navire français qui parut dans la rivière Min, sur les bords de laquelle est bâtie Fou-chow-fou. La Dordogne se rendit au Japon, où la situation des agens diplomatiques et consulaires à Yédo, après avoir été améliorée pendant quelques jours par la présence des forces françaises et anglaises placées sous le commandement des contre-amiraux Page et Jones, différait très peu alors d’un emprisonnement. La Gironde partit