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à ce feu inattendu. Les Espagnols, puis la compagnie de la Renommée et successivement deux autres furent lancés en tirailleurs. Les chevaux étant dételés, on roula à bras deux pièces de 4 qui prirent position et tirèrent à mitraille. Cette fusillade opiniâtre, qui venait de tireurs invisibles, dura près d’une demi-heure. Après quelques retards, le placement de l’infanterie fut éloigné, et son camp fut établi à une distance du bois qui rendait une surprise plus difficile. L’artillerie, s’étant trouvée découverte, avait déployé quelques servans en tirailleurs. Les troupes du génie furent également déployées.

Cependant, le bois ayant été nettoyé et la fusillade éteinte, les Espagnols, les marins, les artilleurs et les troupes du génie rentrèrent dans le camp. Quelques escouades firent la soupe ; les autres, trop fatiguées, surtout par les dernières allées et venues, pour allumer du feu, mangèrent leur biscuit et burent de l’eau, qui heureusement se trouvait près de là en abondance. Ce fut leur souper. Puis chacun s’étendit sur la terre. Demain les canons de la flottille, les pièces rayées des pagodes, allaient de nouveau faire entendre leur voix puissante, et nous, marchant désormais droit sur l’ennemi, nous engagerions avec lui une lutte corps à corps, armée contre armée.


V

La nuit fut silencieuse, pas un coup de feu ne fut échangé. À cinq heures, l’artillerie monte à cheval, chacun est sous les armes. L’armée pivotant sur la maison qui a servi de quartier-général, quelques corps se trouvent tout placés, d’autres font une marche préparatoire assez longue. À six heures, l’armée est en position, en colonnes, à 2 kilomètres environ de la face occidentale de Ki-hoa. Deux colonnes d’infanterie comprennent entre elles l’artillerie. La colonne de gauche se compose du génie, qui marche en tête avec ses échelles, de l’infanterie de marine et des chasseurs. Quatre canons de 12, trois canons rayés de 4, deux obusiers de montagne, de l’artillerie de marine, disposés en une seule ligne de bataille, marchent droit à l’ennemi et appuient la colonne de gauche, qui suit le mouvement. La colonne de droite se compose de l’infanterie espagnole et des marins débarqués ; les marins abordeurs marchent en tête, chargés comme la veille de frayer le passage. Trois obusiers de montagne marchent avec la colonne de droite. Ils prendront, s’ils le peuvent, la face du camp en enfilade, et allégeront la tâche de la colonne d’assaut. Dans les colonnes de droite et de gauche, les corps et les compagnies qui le jour précédent marchaient au premier rang forment aujourd’hui la réserve.