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ce qui avait été fait jusqu’à ce jour, M. Froment emploie la même électricité. Jusqu’à présent, les courans électriques n’ont pas réussi à donner de grandes forces mécaniques : ils y arriveront sans doute avec le temps. Que de chemin a été fait depuis le jour où le premier consul, comprenant, par une remarquable intuition, que la pile récemment imaginée par le physicien italien Volta conduirait à de grands résultats pratiques, proposa aux inventeurs un prix à cet effet ! Le passé donc répond de l’avenir. Il y a déjà cependant quelques résultats mécaniques tirés de l’électricité. M. Achard a exposé un modèle de frein pour arrêter subitement un train de chemin de fer. Le métier Bonelli, mû par l’électricité, a marché régulièrement et a tissé la soie.

Les courans électriques ont été employés avec succès pour créer une lumière d’une intensité extrême ; mais jusqu’ici on ne s’en était guère servi que pour des expériences de laboratoire. La question de l’éclairage par l’électricité vient de faire un grand pas. On sait par quels beaux travaux des savans, à la tête desquels il faut placer M. Ampère, ont démontré l’identité du magnétisme et de l’électricité. En faisant intervenir des aimans, c’est-à-dire en produisant le courant électrique au moyen d’aimans mis en mouvement par une force quelconque, on obtient une lumière non-seulement très vive et égale à elle-même, mais à fort bas prix. Elle n’a qu’un défaut, et il est grave pour la pratique ordinaire : c’est qu’on ne peut l’obtenir qu’en grande et indivisible quantité. Ce ne serait bon que pour un phare. Avec une petite dépense de combustible dans un moteur à vapeur, on a une lumière équivalant à plusieurs centaines de bougies, à plus d’un millier. M. Edmond Becquerel, qui a rendu compte de deux appareils de ce genre, l’un français, l’autre anglais, qui figurent à l’exposition, estime que cette lumière ne coûterait que le dixième du tarif de l’éclairage au gaz à Paris.

Le courant électrique appliqué au déplacement et au transport des métaux dans un moule a donné naissance à l’industrie de la galvanoplastie, qui est déjà ancienne. Elle a présenté cette année à l’exposition des produits d’un genre nouveau, ce sont des bronzes d’ornement pour les meubles. Ils viennent de la maison Christofle, de Paris ; ce sont de fort beaux objets d’un bas prix qui surprend quand on songe à ce que coûtent les mêmes articles fondus et ciselés, qui cependant ont moins de fini. On a remarqué à l’exposition, dans l’hôtel de la commission impériale, à Londres, des meubles de M. Grohé ainsi enrichis. C’est d’un bel effet.

Meilleure division du travail. — Agrandissement des établissements. — Dans ces dernières années, on s’est mieux conformé au principe de la division du travail. Cette division s’est faite suivant deux systèmes différens, qui cependant sont loin de s’exclure l’un