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vre, et lorsque cette proie finit par lui échapper, elle médita de nouer une confédération du nord à l’instar de celle du Rhin. Après la victoire des alliés sur la France, les Hohenzollern durent, il est vrai, se résigner à voir la maison de Habsbourg reprendre son rang à la tête de la Germanie; mais, sans compter qu’ils furent largement enrichis des dépouilles de la Saxe et des provinces rhénanes, ils ne perdirent pas l’espoir de reprendre en sous-œuvre le plan de Frédéric le Grand, et il faut avouer que le Zollverein (1834) fut un essai bien autrement sérieux et durable que tous les efforts du temps passé. Frédéric-Guillaume IV ne fit donc pour ainsi dire que suivre l’ancienne et constante tradition de sa famille en cherchant à sauver quelques épaves du grand naufrage de l’unité allemande. Après avoir un instant tenu dans ses mains le diadème des Césars nouvellement refondu à Francfort, il pensa à se dédommager par une nouvelle sorte de « ligue des princes, » mais une ligue basée sur les idées modernes, fondée sur les institutions constitutionnelles et les besoins unitaires des peuples de l’Allemagne. Arguant de l’article 2 du pacte fédéral de 1815, qui permettait aux différens états de la confédération de contracter entre eux des conventions particulières, il s’efforça de grouper autour de lui, et avec l’aide des libéraux, une partie notable du corps germanique; l’union restreinte devint le mot d’ordre de son nouveau programme.

Un instant il put se faire illusion sur la réussite. Il avait prêté le concours de son armée aux divers souverains de l’Allemagne pour étouffer les incendies révolutionnaires qui avaient éclaté aux mois d’avril et de mai 1849, et dans le premier moment de gratitude, d’autant plus vivement ressenti que l’Autriche était complètement paralysée par la guerre de Hongrie, les princes ainsi protégés firent un accueil assez empressé aux ouvertures de Berlin. Un traité conclu le 26 mai 1849 entre les rois de Prusse, de Saxe et de Hanovre, et auquel se joignirent vingt-quatre petits états, garantissait aux hauts contractans la défense réciproque à l’intérieur et à l’extérieur, réservait pour tous les états germaniques la faculté d’accéder à cette alliance, et conférait enfin la direction supérieure des affaires au roi de Prusse, secondé par un conseil administratif composé des plénipotentiaires des puissances alliées. À ce traité, dit des trois rois, fut de plus ajoutée une annexe contenant un projet de constitution fédérale, projet qui devait être soumis à l’approbation d’un nouveau parlement national, et qui, tout en laissant de côté ce qu’il y avait de trop démocratique dans l’œuvre de Saint-Paul, n’en conservait pas moins autant que possible les dispositions et jusqu’aux mots. Ceci se passait au printemps; mais le 13 août Görgey capitulait à Vilagos; le 30 septembre, l’Autriche amenait la Prusse elle-même à signer l’institution d’un intérim à Francfort, qui devait exercer