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rendu à l’industrie un grand service ; il aura préparé l’agrandissement de la puissance productive de l’individu et de la société, il aura favorisé le développement du bien-être de toutes les classes, il aura servi la cause des libertés pratiques.

Dans le nombre de nos règlemens, il en est qui sont à supprimer purement et simplement ; beaucoup d’autres auraient à être simplifiés et ramenés à un petit nombre d’articles. Il y a trois ans seulement, n’avions-nous pas à Paris, pour la boucherie, la réglementation la plus insoutenable, la taxe de la viande ? Et quel effort n’a-t-il pas fallu pour renverser ce système ridicule ? Or nos règlemens présentent une multitude de dispositions conçues dans le même esprit.

Notre industrie métallurgique est à plusieurs égards réglementée outre mesure. Il faut la permission du gouvernement pour construire un haut-fourneau, un simple foyer d’affinage. À quoi bon ? et qui peut y gagner, si ce n’est l’industrie du dessinateur, qui est chargée en conséquence de fournir des plans en double ou triple expédition pour être joints au dossier ? Notre industrie minérale, je veux dire l’exploitation des mines, est sous le joug de règlemens que la loi des mines du 21 avril 1810, où toute la matière est embrassée, n’a point autorisés, et que même, raisonnablement interprétée, elle interdirait. L’industrie des appareils à vapeur subit, pour ce qui concerne les chaudières, des règlemens qui, dans la pensée des auteurs, avaient certainement pour objet d’empêcher l’usage d’appareils hors d’état de résister à la pression intérieure, afin de protéger la vie des hommes dans les ateliers ; mais ces règlemens sont tellement combinés, ils prescrivent des épreuves telles qu’une chaudière, après qu’elle y a passé, est plus faible qu’auparavant. Ces mêmes règlemens portent, relativement à l’épaisseur des feuilles de métal employées aux chaudières, des prescriptions absolues qui tendent à rendre tout progrès impossible : elles s’opposent en effet à ce que les chaudières soient faites de la tôle de la meilleure qualité, ou d’acier en place de fer. Il ne serait pas difficile de multiplier de semblables exemples.

La liberté du travail compte aujourd’hui, parmi les classes les plus éclairées, beaucoup de partisans zélés qui étudient les restrictions apportées à l’exercice de cette liberté pour les signaler et les combattre. Ils en ont remarqué une dont l’industrie commerciale se plaint depuis quelque temps : c’est le monopole dont sont investis les courtiers. L’industrie du courtage, devenue libre après la révolution de 1789, fut englobée, au commencement du consulat, dans une mesure à laquelle le bon ordre des transactions était intéressé alors, et qui consistait à limiter le chiffre des personnes qui pourraient se livrer à quelques professions spécialement dénommées et en petit nombre. En retour du monopole dont ces personnes furent