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L’ADMINISTRATION LOCALE
EN
FRANCE ET EN ANGLETERRE

III.
COMMUNES ET LIBERTÉ.

La race avec ses instincts tient une grande place dans la destinée des nations : avec les incidens de l’histoire, elle compose même toute cette destinée. Ainsi nous avons vu que tout s’explique en Angleterre par l’aristocratie et par l’individualisme[1]. Instinctivement ce pays est épris de son passé, parce que c’est une partie de lui-même; il est gagné de plus, par tous ses souvenirs, à certains pouvoirs, à certaines classes, qui lui représentent la gloire et les bienfaits de ce passé : telle est l’éducation que son naturel a reçue. Non vraiment, ce ne sont pas les pouvoirs locaux constitués d’une certaine façon qui ont fait de l’Angleterre un pays libre, puissant et prospère. Cette grandeur a de bien autres racines : elle procède de la race, qui est combinée elle-même avec la tradition, qui est appuyée et identifiée à l’aristocratie.

Cependant on peut se demander ceci : parce que les pouvoirs locaux n’ont pas créé le progrès politique et économique de la Grande-Bretagne, parce qu’il n’est pas permis d’attribuer à cette influence tout ce qu’on voit en ce pays de liberté, de sécurité, de richesse, est-ce à dire que ces pouvoirs soient incapables en eux-mêmes de

  1. Voyez les livraisons du 15 mars et du 15 août 1862.