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LES
ESSENCES FORESTIÈRES
DES COLONIES ANGLAISES
À L’EXPOSITION DE LONDRES

Les produits forestiers n’ont guère fixé l’attention des nombreux visiteurs qui se pressaient cette année dans le palais de Kensington, attirés de préférence par le spectacle des machines en mouvement, par les merveilles de l’industrie de luxe et par les chefs-d’œuvre de la peinture moderne. Il y avait dans cette indifférence une grave injustice, et ce n’est pas entreprendre assurément une tâche inutile que de montrer quelle part leur revient dans toutes les branches de la production. C’est bien le moins qu’après avoir glorifié sur tous les tons la puissance créatrice de l’homme, on dise aussi quelque chose de celle de la nature, qui fournit à la première les moyens de s’exercer. La moitié au moins des objets exposés, — meubles, voitures, vaisseaux, outils, etc., — étaient en bois ; de plus, les huiles essentielles, les résines, les matières tinctoriales, les écorces à tan sont des substances produites par les arbres et récoltées dans les forêts. À y regarder de près, il n’y a rien qui ne nous vienne de là. Pour ne pas ressembler au statuaire de la fable, qui se prosternait devant le dieu qu’il venait d’achever en oubliant le marbre dont il s’était servi, nous avons donc à nous demander de quelles matières sont faits tous ces chefs-d’œuvre qui frappaient nos yeux, et à nous enquérir des lieux où nous pouvons nous les procurer.

Si, pour faire connaître les différentes espèces de bois qu’on rencontre dans le monde, on avait pu, à côté de chaque échantillon,