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position universelle a fait connaître au monde, et qui, grâce à elle, ne tarderont pas à entrer dans la circulation générale.


III.

C’est en 1770, lors de son premier voyage, que Cook découvrit l’Australie. L’aspect de la côte et des montagnes de l’intérieur, vues du port de l’Endeavour, lui rappelait la physionomie du pays de Galles ; aussi donna-t-il à cette terre le nom de Nouvelle-Galles-du-Sud. Il en prit possession au nom de la Grande-Bretagne, et le 26 janvier 1788 un premier convoi de 1,030 émigrans débarqua à Port-Jackson. Moins de quatre-vingts ans se sont écoulés depuis lors, et, devenue trop immense pour un seul gouvernement, la colonie s’est déjà divisée en cinq parties : la Tasmanie, l’Australie du sud, Victoria, Queensland et la Nouvelle-Galles-du-Sud, à qui, malgré ce partage, il reste encore une étendue de 83 millions d’hectares[1]. La population totale de ces diverses colonies est de l,124,477 habitans, leur revenu public de 129,264,000 francs, et leur commerce extérieur, importations et exportations réunies, de 1 milliard 184 millions de francs. Ce prodigieux développement a été considérablement favorisé par la découverte de l’or. Il faudrait toutefois se garder de l’attribuer à cette unique cause, car l’or n’est guère exploité que dans Victoria, et cependant toutes les colonies ont suivi la même progression. L’Australie a en effet d’autres élémens de prospérité que ses mines, et il faut citer tout d’abord l’agriculture. Je n’ai pas à faire ici l’histoire de ses progrès ; cependant je ne puis résister au désir de montrer ce que peut provoquer l’initiative individuelle. En 1797, le capitaine John Mac-Arthur, frappé de l’influence que le climat australien exerçait sur les toisons des moutons, fit venir du cap de Bonne-Espérance trois béliers et cinq brebis de la race mérinos espagnole et les croisa avec des moutons indigènes. Le résultat dépassa toutes ses espérances ; la laine produite fut si belle et si abondante que l’élève du mouton devint une industrie extrêmement lucrative, et que l’Australie est aujourd’hui le centre d’approvisionnement le plus important du monde entier. En 1861, l’exportation de la laine d’Australie a été de 34 millions de kilogrammes valant 137 millions de francs. En 1796, on ne comptait dans la colonie que 57 chevaux, 227 bêtes à cornes, 1531 mou-

  1. Il y a bien encore la colonie de l’Australie de l’ouest (West-Australia), qui comprend toute la partie occidentale du continent, environ le tiers de l’étendue totale, et dont la capitale est Perth, sur le Swan-River ; mais elle est trop peu importante pour entrer en ligne avec les autres : elle n’a que 13,000 habitans.